Original English Article: Different Degrees of No-Self: Non-Doership, Non-dual, Anatta, Total Exertion and Dealing with Pitfalls
Also See: (French) Thusness/PasserBy's Seven Stages of Enlightenment
Also See: (French) On Anatta (No-Self), Emptiness, Maha and Ordinariness, and Spontaneous Perfection
Also See: (French) Nouns are necessary to initiate verbs
Also See: (French) Buddha Nature is NOT "I Am"
Different Degrees of Non-Self: Non-Doing, Non-Duality, Anatta, Total Exertion and Managing Traps
Soh
Available translations of Realization and Experience as well as Non-Dual Experience from different perspectives:
简体中文版(Simplified Chinese version)
繁體中文版(Traditional Chinese version)
( korean )
Different degrees of No-Self: No-Action, Non-Duality, Anatta, Total Exertion and Managing Traps
See also:
The Seven Stages of Awakening by Thusness/PasserBy
The Dark Night of the Soul, Depersonalization, Dissociation and Derealization
Someone wrote:
Anatta
Question
Hello everyone.
I have a question.
First, I need to quickly provide some background information.
Many years ago I had a profound experience. It was as if a veil was lifted and I suddenly saw that I did not exist. There was no Self or free will within that could control this organism called the body. I spent years observing myself and others from this perspective. It was the first thing I thought about when I woke up in the morning and the last thing I thought about before I fell asleep, until I was drained.
Personne autour de moi n’a vu la même chose, et
personne ne se fâchait si j’en parlais. J’ai commencé à étudier la science pour
trouver un appui ou des preuves contraires à mes pensées. Cela n’a fait que
confirmer que le monde est fataliste et bien trop complexe pour être compris à
chaque instant. Cela m’a encore éloigné.
Ainsi, maintenant, ma vie s’est arrêtée et il n’y a
personne à l’intérieur pour s’en soucier. Il n’y a que de faibles réactions
émotionnelles et mentales en réponse aux stimuli qui se présentent devant mes
sens. Plus d’espoirs, plus d’ambitions ni d’objectifs. Je ne paie pas mes
factures et je ne prends pas soin de moi. Je veux dire, pourquoi
« je » devrais-je le faire ?
Finalement, il y a 3–4 ans, j’ai découvert une
certaine « littérature » spirituelle qui évoquait la doctrine
bouddhiste d’anatta et la conscience samsârique.
Que recommanderait un bouddhiste de faire dans cette
situation ? Je veux dire, je finirai par mourir ou en prison très bientôt
si rien ne se passe. Cela me va. Je ne redoute pas la douleur physique.
Y a-t-il quelque chose qui vaille la peine d’être
fait ? Est-ce la fin du « chemin » ? Réaliser que je
n’existe pas ?
…
Tu as raison. Cela a été très déséquilibré et
malsain, et donc c’est devenu épuisant et, finalement, un problème. Mais cela a
également été une expérience profonde et belle, malgré la peur, le doute et
l’incompréhension de ce qui s’est passé. J’en suis arrivé à un point où j’ai
besoin de conseils et de pratiques sur comment faire cela correctement et de la
bonne manière, ou du moins d’une manière meilleure et plus saine. Alors, je
pense que je suis ouvert aux corrections et aux conseils. Merci encore.
——
Moi/Soh a répondu :
Bonjour,
u/krodha (Kyle Dixon) m’a dirigé vers ce post… Je
pense que je vais partager mes « 2 centimes ».
Il existe différents degrés de soi/Soi. Je peux en
développer beaucoup – tu peux trouver ces développements sur mon blog et dans
le guide (gratuit) – https://app.box.com/s/157eqgiosuw6xqvs00ibdkmc0r3mu8jg
Mais dans ce post, je vais juste les résumer.
Il existe trois degrés ou aspects principaux de
l’expérience du soi/Soi et du non‑soi/Soi, bien que chacun ait différents
niveaux de raffinement en termes d’insight et d’expérience :
1. Le non‑soi en tant que « non‑agissement ». Tu ne ressens plus que tu
es un acteur ou un contrôleur ; tous les pensées et toutes les actions se
produisent spontanément, d’elles-mêmes. Tu constates même que tes pensées et
émotions ne proviennent pas d’un acteur, tu ne peux même pas prévoir ton
prochain moment de pensée, cela arrive tout seul. Quand tu as soif, la main
attrape la boisson d’elle-même et le corps avale la boisson.
Un niveau plus raffiné de non‑agissement est ce que
j’appelle « impersonalité ».
L’impersonalité n’est pas seulement une expérience
de non‑agissement. C’est la dissolution du construit du « soi personnel » qui
conduit à une purification de l’effet de l’ego vers un état de perception net,
pur, de « ce qui n’est pas à moi », accompagné de la sensation que tout et tous
s’expriment par la même vitalité/intelligence/conscience. Cela peut alors être
aisément extrapolé en un sentiment de « source universelle » (mais cela n’est
qu’une extrapolation qui, à une phase ultérieure, sera déconstruite) et on
expérimentera aussi d’être « habité » par cette Vie et cette Intelligence
supérieures.
L’impersonalité aidera à dissoudre le sentiment du
soi, mais elle comporte le danger de conduire à un attachement à une essence
métaphysique ou de personnifier, réifier et extrapoler une conscience
universelle. Des insights plus profonds sur l’anatta et le vide dissoudront
cette tendance à réifier et à extrapoler.
De plus, je dois aussi mentionner qu’il existe un
autre insight ou réalisation – et ce n’est pas la même chose que le non‑agissement,
mais plutôt la réalisation de l’essence lumineuse de l’être en tant que
Présence Pure et Clarté. Quelqu’un qui a expérimenté le non‑agissement ne se
rend pas nécessairement compte que son propre Être, sa Conscience‑Présence, ce
“JE SUIS” – qui demeure même sans s’engager dans des concepts ou dans la pensée
– subsiste. C’est lorsqu’à un moment où tout engagement dans la pensée
s’apaise, dans cet intervalle, surgit soudainement la réalisation indubitable
de l’Existence elle-même, qui, même sans pensée, est simplement
JE/Existence/Conscience. Et tu te rends compte que c’est le noyau lumineux de
l’Existence même. C’est la conscience, l’être pur et la félicité. Cette
réalisation est souvent réifiée en Atman, mais je considère cette réalisation
comme précieuse et importante, et comme une progression par rapport au simple
non‑agissement, bien que dans les réalisations ultérieures elle se raffine,
surtout avec la réalisation de l’anatta. La réalisation de l’anatta, au point
3, perçoit la nature de cette Conscience‑Présence, non en la niant mais en la
comprenant correctement – sa nature non inhérente, vide et non‑dual de cette
Conscience‑Présence (bien que son aspect non‑dual n’implique pas nécessairement
la réalisation de sa nature vide, je n’en dirai pas trop pour l’instant). Mais
fondamentalement, si tu as cette réalisation, tu ne finiras pas par paraître
aussi nihiliste, car tu auras découvert un noyau lumineux très positif de
l’Existence. De plus, après cette réalisation, tu te sentiras comme un Fond
Infini de l’Être qui sous-tend toutes tes pensées et, en fait, le monde entier.
Lorsque tu fais du jogging dans les rues, tu ne te vois plus comme une personne
en relation avec des objets à l’extérieur ; au contraire, tous les objets,
arbres, personnes et paysages émergent, se dissipent et « traversent » depuis
ce Fond de l’Être, à l’instar des projections d’un film qui « traversent » simplement
l’écran. Tu ne ressens plus que tu es quelqu’un qui passe à côté des choses,
mais ton corps et ton esprit, le paysage et les objets sont simplement «
projetés depuis » et « traversent » dans un Être immobile.
À propos de cette réalisation, John Tan a également
écrit auparavant :
“
Bonjour M. H,
En plus de ce que tu as écrit, j’espère te
transmettre une autre dimension de la Présence. C’est-à-dire, rencontrer la
Présence dans sa première impression, non altérée et pleinement, dans le
silence.
Alors, après l’avoir lu, ressens-la avec tout ton
corps-esprit et oublie-la. Ne la laisse pas corrompre ton esprit. 😝
Présence, Conscience, Êtreté, Existence sont tous
synonymes. Il peut y avoir toutes sortes de définitions, mais aucune d’elles
n’est le chemin vers elle. Le chemin doit être non conceptuel et direct. C’est
la seule voie.
En contemplant le koan « avant la naissance, qui
suis-je ? », l’esprit pensant tente de fouiller dans sa banque de souvenirs
pour trouver des expériences similaires afin d’obtenir une réponse. C’est ainsi
que fonctionne l’esprit : comparer, catégoriser et mesurer afin de
comprendre.
Cependant, lorsqu’on rencontre un tel koan, l’esprit
atteint ses limites en essayant de pénétrer sa propre profondeur sans trouver
de réponse. Vient alors un moment où l’esprit s’épuise et se fige complètement,
et de ce silence surgit un BAM qui ébranle la terre !
I. Juste Moi.
Avant la naissance, ce Moi, il y a mille ans, ce
Moi, dans mille ans, ce Moi. JE SUIS MOI.
C’est sans pensées arbitraires, sans comparaisons.
Il authentifie complètement sa propre clarté, sa propre existence, LUI-MÊME
dans une non-conceptualité pure, nette et directe. Ni pourquoi, ni parce que.
Juste LUI-MÊME dans le silence, rien d’autre.
Intue le vipassana et le samantha. Intue l’exertion
totale et la réalisation. L’essence du message doit être brute et non
contaminée par des mots.
J’espère que cela t’aidera !” – John Tan, 2019
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Below is the “New Translation” section containing
the complete literal French translation from the requested starting point.
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New Translation (French)
Cependant, quelqu’un qui réalise le non‑agissement
(non‑doership) ne réalise peut-être pas encore que la Présence‑Conscience, donc
le questionnement sur soi (s’interroger « Qui/Suis‑je ? ») peut aider à aller
dans cette direction. La réalisation du JE SUIS est également importante et
peut servir de base essentielle pour des insights ultérieurs, comme expliqué
dans Anatta et la Présence Pure. Pour réaliser le JE SUIS, la méthode la plus
directe est l’auto‑enquête, en se demandant « Avant la naissance, qui suis‑je ?
» ou simplement « Qui suis‑je ? » (Voir : « Quelle est vraiment votre Esprit en
ce moment ? » et le chapitre d’auto‑enquête du Guide de Pratique pour l’Éveil à
la Réalité et du Guide AtR – version abrégée).
Il est en fait très important d’avoir la réalisation
directe de son éclat, de sa conscience immaculée ou de sa Présence Pure. Sans
cela, l’expérience du non‑soi sera biaisée vers le non‑agissement et l’on ne
fera pas l’expérience d’une luminosité non‑duelle limpide. Cela n’est pas
considéré comme une véritable réalisation d’anatman dans l’AtR. Pour en savoir
plus sur ce sujet, vous pouvez lire No‑Self Pélucid, Non‑Doership, Bons
Conseils et Expression d’Anatta de Yin Ling et Albert Hong + What is Experiential
Insight?, Anatta et Présence Pure, La Liberté Réelle et la Radiance Immédiate
dans la Transience, The Transient Universe has a Heart.
2. Le non‑soi en termes de pénétration et de dissolution de la dichotomie
sujet/objet ou percepteur/perçu. Cela se rapporte à la sensation d’être un
percepteur interne subjectif qui perçoit le monde des objets par les sens.
Autrement dit, les gens ordinaires ont le sentiment profond de se relier au
monde depuis l’arrière de leurs propres yeux, comme s’ils percevaient un «
monde extérieur » constitué d’arbres, de personnes, d’objets, etc., et que les
formes, couleurs et caractéristiques de ces arbres, tables, objets ne sont que
des attributs inhérents d’objets indépendants du regard (« out there »), et
qu’ils ne font qu’observer ces objets depuis un point de vue « interne » à leur
corps, en tant que percepteur interne – sujet – et objet. Percepteur et perçu.
Et cela s’applique non seulement aux vues, mais également aux sons et aux
autres perceptions sensorielles, car les gens ordinaires entendent le son comme
si le son se trouvait quelque part « dehors », tandis qu’ils sont situés et
entendent les sons depuis quelque part « ici », c’est-à-dire, à l’intérieur de
leur propre corps (là où exactement, cela est incertain, et à l’examen,
certains diront que c’est dans la tête, d’autres pointeront vers le cœur, en
gros les gens ordinaires n’examinent pas les choses de manière précise et
prennent simplement leur sens de soi et de dualité pour acquis). Mais ce sens
de soi et ce sens de dualité constituent une expérience très réelle pour la
plupart des gens, qui l’acceptent sans la remettre en question comme leur réalité.
Il faut comprendre et noter que quelqu’un qui a
expérimenté le non‑agissement ou même l’aspect d’impersonalité du non‑soi,
comme décrit en (1), peut ne pas vivre la non‑dualité en (2). Autrement dit, on
peut encore expérimenter que tout se produit de lui-même, tout en ayant le
sentiment d’être un observateur dissocié, détaché de ce qui se passe. En
quelque sorte, c’est presque comme si tout ce que le corps et l’esprit font
semblaient être fait par une autre personne, comme si l’on jouait à un jeu de
tir à la troisième personne où l’on observe le personnage entier depuis une
distance – sauf que, dans un état dissocié, on ne « contrôle » même pas le
personnage que l’on appelle « toi » ; on se contente plutôt d’observer cette
personne ou ce corps-esprit, appelé « toi », qui agit, pense et se comporte à
sa manière, et l’on n’est qu’un observateur distant et détaché de ce personnage
ou de ce corps-esprit agissant de façon autonome. Certains ont éprouvé ce type
de dissociation couplé avec un sentiment de non‑agissement.
Cela signifie maintenant que la dissolution du
sentiment d’agissement ne veut pas dire que la dichotomie sujet/objet est
dissoute. Par conséquent, nous pouvons appeler ce sentiment de dualité sujet‑objet,
ou l’écart entre percepteur et perçu, une couche distincte du « soi » qui peut
être pénétrée par un insight plus profond. La dissolution de la dichotomie
sujet/objet (ou percepteur/perçu) peut se produire comme une expérience, qui
est transitoire, des expériences de pointe de courte durée, ou bien comme une
réalisation qui conduit à la stabilisation de l’expérience non‑duelle.
Comme expérience, elle est assez courante et décrite
par les gens, souvent spontanément, lorsqu’ils se délectent de la musique,
regardent un coucher de soleil, admirent un paysage magnifique, etc., au point
de devenir soudainement si absorbés et captivés par leur expérience sensorielle
qu’ils oublient totalement leur « soi » – et dans l’oubli de soi, ils entrent
dans ce qui semble être un autre état de conscience, un état très vif et
intensifié où ils ne « voient plus » le coucher de soleil à distance, mais
deviennent le coucher de soleil lui-même – ils peuvent décrire cela par « Je me
suis fusionné avec le soleil ! » ou « Je suis devenu les arbres ! » Il n’existe
plus soudainement ce sentiment que « je » suis quelqu’un « ici » séparé du «
soleil là-bas » ; il n’existe qu’une lumière orange vif, brillante et très
vivante qui se manifeste sans aucune distance, une manifestation très vive,
brillante et pleine de vie de couleurs comme une conscience claire et
éclatante.
En décrivant une telle expérience de pointe, Michael
Jackson a écrit :
« La conscience s’exprime à travers la création.
Ce monde dans lequel nous vivons est la danse du Créateur. Les danseurs vont et
viennent en un clin d’œil, mais la danse perdure. À de nombreuses occasions,
lorsque je danse, j’ai été touché par quelque chose de sacré. Dans ces
moments-là, j’ai senti mon esprit s’élever et devenir un avec tout ce qui existe.
Je deviens les étoiles et la lune.
Je deviens l’amant et l’aimé.
Je deviens le vainqueur et le vaincu.
Je deviens le maître et l’esclave.
Je deviens le chanteur et la chanson.
Je deviens le connaisseur et le connu.
Je continue à danser… et à danser… et à danser.
Jusqu’à ce qu’il ne reste plus que… la danse. »
Cependant, ce qui est décrit ici reste une simple
expérience. Une expérience de non‑dualité, mais pas la réalisation. De telles
expériences vont et viennent. Certaines personnes se livrent à des sports
dangereux pour entrer dans la zone et entrevoir la félicité de la non‑dualité,
d’autres le font par la danse, d’autres encore par certaines drogues, et
d’autres par la méditation.
Mais toutes ces expériences vont et viennent,
jusqu’à ce qu’un changement de paradigme se produise dans la conscience, où
soudainement on se rend compte que la vérité concernant la réalité ou la
conscience, c’est qu’il n’a jamais existé de division entre sujet et objet, que
la conscience n’a jamais, dès le départ, été divisée en un percepteur et un
perçu, en une conscience et sa manifestation, qu’ils n’ont jamais été séparés.
Après ces insights sur la non‑dualité, la tendance ne sera plus de se dissocier
de l’expérience, mais de s’ouvrir pleinement à l’expérience d’une manière
indivisée et sans interruption – en expérimentant tout sans distance, comme une
conscience vive.
Une telle réalisation peut cependant être divisée en
deux types :
a) la non‑dualité substantialiste/essentielle
b) la non‑dualité non substantialiste/non
essentielle
Cette dernière, je l’appelle la réalisation
d’anatta, proprement dite.
Mais parlons brièvement de a) la non‑dualité
substantialiste/essentielle en résumé :
Une personne de ce type a peut-être réalisé que sa
conscience n’a jamais été divisée des manifestations, que toutes les
manifestations ne sont rien d’autre que la conscience elle-même. Cependant, la
tendance karmique (le conditionnement profond) à concevoir la conscience comme
une source et un substrat inhérent, immuable, demeure – sauf que désormais la
conscience est perçue comme indivisée de sa manifestation, si bien que tout est
assimilé à être des modulations de la Conscience Pure. On voit que tous les phénomènes
ne sont rien d’autre que la conscience qui se manifeste sous différentes
formes. Pourtant, on n’équivaut pas les formes à la conscience – les formes
sont comme des spectacles lumineux éphémères projetés sur un écran/miroir
immuable, tandis que les projections et les reflets se déplacent de manière
inextricable depuis la base du miroir sans qu’il y ait de division sujet/objet,
la base sous-jacente de la conscience demeure inchangée. L’hindouisme peut
aller jusqu’à ce point.
3. Le non‑soi en termes de ce que j’appelle la réalisation d’anatta
Mais ensuite, il y a le cas b), où l’on réalise que
non seulement toutes les formes ne sont que des modulations de la conscience,
mais qu’en réalité « la Conscience » ou « la Conscience‑Présence » est
véritablement et uniquement Tout – autrement dit, il n’existe aucune «
Conscience » ou « Conscience‑Présence » en dehors de la manifestation lumineuse
des agrégats, quoi qu’on voie, entende, perçoive, touche, connaisse ou sente…
L’anatta n’est pas simplement une expérience de
libération de la personnalité ; c’est plutôt un insight sur l’absence totale
d’un soi/agent, d’un faiseur, d’un penseur, d’un observateur, etc., qui ne peut
être identifié en dehors du flux moment par moment de la manifestation. La non‑dualité
apparaît clairement comme étant toujours ainsi : ici, il y a une non‑dualité
sans effort et l’on se rend compte qu’en voyant, il n’y a que le paysage (pas
d’observateur ni de vision au-delà des couleurs) et en entendant, il n’y a que
des sons (jamais d’auditeur ni d’écoute au-delà des sons). Un point très
important ici est que l’anatta/Non‑Self est un Sceau du Dharma, c’est la nature
de la Réalité en tout temps – et pas simplement un état dépourvu de
personnalité, d’ego ou de « petit soi » ou une étape à atteindre. Cela signifie
que cela ne dépend pas du niveau d’accomplissement du pratiquant pour
expérimenter l’anatta, car la Réalité a toujours été Anatta, et ce qui importe
ici, c’est l’insight intuitif en sa nature, en sa caractéristique, du phénomène
(Sceau du Dharma).
Pour illustrer davantage, en raison de l’importance
de ce sceau, je voudrais emprunter une citation du Sutta de Bahiya
(http://awakeningtoreality.blogspot.com/…/ajahn-amaro-on-non…):
« Dans le voir, il n’y a que ce qui est vu, sans
voyant ;
Dans l’entendre, il n’y a que ce qui est entendu,
sans auditeur. »
Si un pratiquant venait à estimer qu’il a dépassé
l’expérience de « j’entends un son » pour atteindre un stade de « devenir le
son » ou suppose que « il n’y a que du son », alors cette expérience se déforme
à nouveau. Car, en réalité, lorsqu’on entend, il n’y a et il y aura toujours
que du son ; il n’y a jamais eu d’auditeur dès le départ. Rien de ce qui est
atteint n’est ainsi. C’est la principale différence entre une expérience de pic
momentanée (durant quelques minutes ou, au maximum, une heure) de non‑dualité
et un changement quantique permanent de perception qui fait de cette expérience
de pic un mode de perception permanent.
Ceci est le sceau du non‑soi et peut être réalisé et
expérimenté en tout temps ; ce n’est pas qu’un simple concept.
En résumé, après avoir réalisé l'anatta au niveau B) et même, dans une certaine mesure, après avoir éprouvé le non-dualisme – qui repose sur une vision essentialiste – au niveau A), le non-duel ne se présente plus comme une expérience de pointe éphémère qui va et vient. En effet, l'ensemble du paradigme de la conscience – l'enchevêtrement de la perception, la prolifération mentale, c'est-à-dire l'activité continue de projeter un « moi » ou une dichotomie sujet/objet – est rompu à un niveau plus fondamental, puisque le cadre illusoire par lequel on perçoit le monde est miné. Pour ma part, depuis plus de neuf ans après avoir réalisé l'anatta, je n'ai ressenti aucun soupçon, même le moindre, de dualité sujet/objet ou d'agence. Cela a disparu pour de bon et ne se limite pas à une simple expérience de pointe.
Ce que tu as décrit dans ton post est ce que
j’appelle le « non‑agissement ». Et oui, c’est un insight merveilleux, mais il
existe encore d’autres insights tout aussi merveilleux qui, sur le long terme,
transforment véritablement la vie de manière très positive, et que je ne
saurais trop recommander.
Le monde expérimenté après la réalisation et la
maturation de l’anatta, après que toutes les facettes du soi/Soi se soient
totalement dissoutes, est véritablement merveilleux. Voici comment je l’ai
décrit dans mon guide (gratuit) :
« C’est un monde où rien ne peut jamais tacher ni
entacher cette pureté et cette perfection, où l’univers entier / l’esprit tout
entier est toujours vécu de manière vive comme cette même pureté et perfection
dépourvue de tout sens de soi ou d’observateur qui expérimente le monde à
distance – une vie sans « soi » est un paradis vivant, exempt d’émotions
afflictives / douloureuses, où chaque couleur, son, odeur, goût, toucher et
détail du monde se distingue comme le champ illimité d’une conscience immaculée,
d’une brillance / radiance scintillante, colorée, à haute saturation, en HD,
lumineuse, d’intensité accrue et d’un émerveillement magique, où les vues,
sons, senteurs, sensations et pensées environnantes sont perçus et vécus avec
une clarté absolue jusque dans les moindres détails, de manière vive et
naturelle, non pas seulement par un seul mode sensoriel mais par les six, où le
monde ressemble à un conte de fées, révélé à nouveau à chaque instant dans
toute sa profondeur, comme si vous étiez un nouveau-né expérimentant la vie
pour la première fois, frais et jamais vu auparavant, où la vie abonde en paix,
en joie et en absence de peur, même au milieu du chaos apparent et des
problèmes de la vie, et tout ce qui est expérimenté à travers les sens dépasse
de loin toute beauté précédemment vécue, comme si l’univers était un paradis
fait d’or étincelant et de bijoux, vécu dans une immédiateté totale sans
interruption ni séparation, où la vie et l’univers sont vécus dans leur intense
lucidité, clarté, vitalité et présence vivifiante, non seulement sans
intermédiaire et sans séparation mais aussi sans centre ni limites – une
infinité aussi vaste qu’un ciel nocturne sans fin se réalise à chaque instant,
une infinité qui n’est rien d’autre que l’immense univers apparaissant comme
une présence vide, sans distance, sans dimension et puissante, où les montagnes
et les étoiles à l’horizon ne sont pas plus éloignées que votre souffle, et
brillent aussi intimement que votre battement de cœur, où l’échelle cosmique de
l’infinité se réalise même dans les activités ordinaires, puisque l’univers
entier participe toujours à chaque activité ordinaire, y compris marcher,
respirer et même votre propre corps (sans aucune trace d’un « moi » ou de « le
mien ») est autant l’univers / l’origine interdépendante en action, et il n’y a
rien en dehors de cette exertion / de cet univers sans limites, où la pureté et
l’infinité du monde merveilleux vécu après avoir été purifié dans toutes les
portes de la perception est constante. (Si les portes de la perception étaient
nettoyées, tout apparaîtrait à l’homme tel qu’il est : Infini. Car l’homme
s’est fermé lui-même, jusqu’à ce qu’il voie toutes choses à travers les
étroites fentes de sa caverne. – William Blake) »
Le non‑agissement n’est qu’un des aspects de
l’anatta ; à lui seul, il ne constitue pas la réalisation de l’anatta. (Stade
de Thusness 5 : «…La phase 5 consiste véritablement à n’être personne, et
j’appellerais cela l’anatta sous ses 3 aspects – absence de division
sujet/objet, absence d’agissement et absence d’agent… ») On peut expérimenter
le non‑agissement pendant la phase JE SUIS, ou pour certaines personnes même
avant la réalisation du JE SUIS. Ainsi, le non‑agissement n’est pas équivalent
à la réalisation de l’anatta.
Bien que l’aspect du non‑agissement en lui-même
n’indique pas la réalisation de l’anatta, cela ne signifie pas qu’il n’est pas
important. Particulièrement, le non‑agissement se manifeste clairement lorsque
la première strophe d’anatta de John Tan est pénétrée et réalisée avec clarté.
Cependant, la première strophe d’anatta ne se résume pas simplement au non‑agissement,
comme l’explique la conversation ici. La première strophe d’anatta véhicule à
la fois l’absence d’agent et le non‑agissement, et non pas seulement le non‑agissement.
Commentant la percée de quelqu’un, John Tan a déclaré : « Vers la deuxième
strophe [d’anatta], le non‑agissement est tout aussi important. » Et, à propos
d’une autre personne, « Non‑dual, mais incapable de discerner clairement la
différence entre les aspects conventionnels et l’ultime. A-t-il évoqué la
spontanéité naturelle ? [Dans] les 2 strophes d’anatta, le non‑agissement
conduira à la spontanéité naturelle. Actuellement, il s’agit de la liberté de
l’observateur et de ce qui est observé, mais la deuxième partie, c’est-à-dire
que les apparences ne sont que de la clarté vide, n’est pas présente. Par
conséquent, l’absence d’effort dans une présence vive ne sera pas possible sans
ces 2 insights comme base. »
J’estime que lorsqu’une personne dit avoir franchi
le cap du non‑soi, 95 % à 99 % du temps, elle se réfère à l’impersonnalité ou
au non‑agissement, et pas même à la non‑dualité, sans parler de la véritable
réalisation de l’anatman (le sceau du Dharma du non‑soi dans le bouddhisme).
Pour ceux qui affirment avoir un insight sur le non‑soi, je leur demande
généralement de comparer leur expérience avec ceci :
« Qu’est-ce que l’insight expérientiel
👍 »
Yin Ling :
Quand nous parlons d’insight expérientiel en
bouddhisme,
Cela signifie…
Une transformation littérale de l’orientation
énergétique de l’être tout entier, jusque dans la moelle.
Le son DOIT littéralement s’entendre lui-même.
Sans auditeur.
Net. Clair.
Une liaison depuis la tête jusqu’à là-bas est coupée
d’un soir à l’autre.
Puis, progressivement, le reste des 5 sens.
Alors, on peut parler d’Anatta.
Alors, pour toi,
Est-ce que le son s’entend lui-même ?
Si non, pas encore. Tu dois continuer !
Interroge-toi et médite.
Tu n’as pas encore atteint le niveau d’insight de
base requis pour les insights plus profonds, tels qu’anatta et le vide !
Yin Ling :
Yin Ling : « La réalisation, c’est quand
Cet insight descend jusque dans la moelle et il ne
te faut même pas une minute d’effort pour que le son s’entende lui-même.
C’est comme si tu vivais maintenant avec une
perception dualiste, très normale, sans effort.
Les personnes qui réalisent l’Anatta vivent en
Anatta sans effort, sans recourir à la pensée pour s’orienter. C’est leur vie.
Elles ne peuvent même pas revenir à une perception
dualiste, car cela constitue une imputation, c’est déraciné.
Au début, tu pourrais avoir besoin de t’orienter
volontairement avec un certain effort.
Puis, à un moment donné, ce ne sera plus nécessaire…
plus tard, même les rêves deviendront Anatta.
C’est la réalisation expérientielle.
Il n’y a pas de réalisation tant que ce jalon n’est
pas atteint ! »
…
« Soh :
L’important, c’est qu’il y ait une réalisation
expérientielle qui conduise
à une expansion énergétique vers l’extérieur dans
toutes les formes, tous les sons, dans l’univers rayonnant… de sorte qu’il ne
s’agit pas que d’être ici, dans le corps, à regarder l’arbre à l’extérieur, ou
à écouter les oiseaux chanter depuis ici, mais que ce soit simplement que les
arbres se balancent vivement par eux-mêmes, de façon lumineuse, sans
observateur, que les arbres se voient eux-mêmes, que les sons s’entendent
eux-mêmes, qu’il n’y ait aucun lieu à partir duquel ils sont expérimentés,
aucun point de vue ; que l’expansion énergétique vers l’extérieur aboutisse à
une manifestation vive, sans limites, mais qu’elle ne soit pas une expansion à
partir d’un centre – il n’y a tout simplement pas de centre ; sans ce
changement énergétique, l’expérience véritable du non‑soi n’est pas réellement
atteinte. »
– xabir Snoovatar
(https://www.awakeningtoreality.com/2022/12/the-difference-between-experience-of.html)
Étiquettes : Anatta, Yin Ling |
Aussi… « Le son s’entend lui-même, les regards se voient
eux-mêmes », etc.
Ceci n’est que non‑dualité. Un état de non‑esprit.
Ce n’est pas encore la réalisation de l’anatman.
Ce qui est plus important, c’est la réalisation de
l’anatta en tant que Sceau du Dharma qui perce les référents de l’existence
inhérente.
Comme je l’ai écrit précédemment :
« M. JD, en ce qui concerne votre question :
Pas du tout. Récemment, j’ai écrit à quelqu’un :
Hier encore, quelqu’un dans la phase JE SUIS m’a dit
: « J’ai du mal à voir le premier plan [l’apparence] comme étant la «
conscience ». Probablement que j’assimile la « conscience » au « fond » dans
mon esprit. » Je lui ai répondu que c’était parce qu’il avait une définition de
la conscience qui le bloquait. Il m’a dit : « Alors, oublie la définition de la
conscience et vois simplement la vitalité radicale du « premier plan ». Cela
suffit, n’est-ce pas ? » Je lui ai répondu : « Non, il ne suffit pas d’oublier
la définition de la conscience. Tu dois l’examiner en profondeur, la remettre
en question, l’investiguer. » Je lui ai également envoyé quelques textes que
j’avais envoyés à une autre personne auparavant et lui ai dit : « Avoir une
expérience sans fond [comme une expérience de non‑esprit] n’est pas la même
chose que de réaliser qu’il n’a jamais existé de sujet de fond ou de voyant ou
de vision derrière ce qui est vu. Ce dernier doit émerger comme une
réalisation. Tu dois donc l’analyser en expérience directe. »
Khamtrul Rinpoche sur la réalisation d’anatta dans
le texte de Mahamudra :
« À ce moment-là, l’observateur – la conscience –
est-il autre que ce qui est observé – le calme et le mouvement – ou est-ce en
réalité ce calme et ce mouvement lui-même ? En enquêtant avec le regard de ta
propre conscience, tu en viens à comprendre que ce qui s’enquête lui-même n’est
rien d’autre que le calme et le mouvement. Une fois que cela se produit, tu
feras l’expérience d’un vide lucide en tant que conscience naturellement
lumineuse et auto‑connaissante. Finalement, que nous parlions de la nature et
de la radiance, de ce qui est indésirable et de l’antidote, de l’observateur et
de l’observé, de la pleine conscience et des pensées, du calme et du mouvement,
etc., tu dois savoir que les termes de chaque paire ne diffèrent pas l’un de
l’autre ; en recevant la bénédiction du gourou, assure-toi correctement qu’ils
sont inséparables. Finalement, atteindre l’étendue libérée de l’observateur et
de l’observé, c’est la réalisation de la véritable signification et
l’aboutissement de toutes les analyses. Cela s’appelle « la vue transcendante
les concepts », qui est dépourvue de conceptualisation, ou « la vue de l’esprit
vajra ».
« La vipassana de fructification est la réalisation
correcte de la conviction finale de la non‑dualité de l’observateur et de
l’observé. »
Ce que Khamtrul Rinpoche a dit ci‑dessus n’est pas
qu’une simple expérience. Cela perce les conventions et l’analyse et réalise le
vide de ces conventions.
Dans le bouddhisme, les cessations non analytiques
telles que les états de non‑esprit et le samadhi ne libèrent pas. Seule une
cessation analytique, fondée sur la sagesse qui pénètre et voit à travers la
fausse vision de l’existence inhérente, peut libérer. C’est la sagesse prajna
qui réalise le Sceau du Dharma d’anatta, de l’originisation dépendante et du
vide.
——
Il y a de nombreuses années, j’ai visité à plusieurs
reprises un centre Zen à Geylang, dont le maître était un maître Zen coréen
très célèbre, possédant de nombreux centres de Dharma établis à travers le
monde, et qui est décédé au début des années 2000. J’ai trouvé ses écrits
particulièrement résonnants car il était capable d’exprimer simplement et de
manière articulée l’état de non‑esprit. J’ai lu beaucoup de ses livres. Il
disait même des choses telles que : « Ton vrai soi n’a ni extérieur ni
intérieur. Le son est l’esprit clair, et l’esprit clair est le son. Le son et
l’écoute ne sont pas séparés ; il n’y a que le son. », etc.
Cependant, j’ai été désappointé d’apprendre plus
tard qu’il faisait l’expérience du non‑esprit, mais avec la vision d’une seule
mentalité, ce qui signifie qu’il n’avait pas réalisé l’anatman qui perce la
vision de l’existence inhérente. En conséquence, malgré son expérience non‑duelle,
il n’arrivait toujours pas à surmonter la vision d’une substance unique,
existante par nature, se manifestant sous plusieurs formes, ce qui est la
vision de la non‑dualité établie (non‑duelle basée sur la substance ou l’essence).
Je ne m’en suis rendu compte qu’après avoir lu ses vues et ses écrits plus en
détail et trouvé un article dans lequel il exprimait que la nature du Dharma
est la substance universelle dont tout dans l’univers est composé, une
substance immuable, informe comme H₂O, mais qui peut se manifester sous forme
de pluie, de neige, de brouillard, de vapeur, de rivière, de mer, de grésil et
de glace, et que tout est une forme différente de cette même substance
universelle et immuable.
Il est clair pour moi qu’il fait l’expérience de la
non‑dualité et du non‑esprit, mais ce qu’il a dit ci‑dessus revient précisément
à réifier une source et un substrat ontologiques, universels, uniques,
indivisibles et immuables – le « un sans second » se manifestant sous plusieurs
formes. Cela consiste à adopter une vision de l’existence inhérente relative à
une source/substrat métaphysique, même si celle‑ci est non‑duelle avec les
phénomènes.
J’ai informé John Tan de ce qui précède en 2018 et
il a répondu : « Pour moi, oui. C’est une expérience erronée due à un manque de
vision. C’est le problème du Zen, à mon avis. Le non‑esprit est une expérience.
L’insight d’anatta doit surgir, puis affiner sa vision. » (C’est une tendance
générale, mais il existe de nombreux maîtres Zen ayant une vision claire et de
profondes réalisations également.)
Un autre écrivain Zen américain, dont j’ai apprécié
la lecture et dont j’ai trouvé les propos très résonnants à bien des égards,
parce qu’il était capable d’exprimer l’expérience du non‑esprit et ce que
j’appelle l’exertion totale Maha (一法究盡
(ippo‐gūjin)), a écrit que l’esprit du Bouddha est les montagnes, les rivières
et la terre, le soleil, la lune et les étoiles. Et il a dit : « Dans l’état
d’une pratique authentique et de l’illumination, le froid te tue, et il n’y a
que le froid dans tout l’univers. La chaleur te tue, et il n’y a que la chaleur
dans tout l’univers. Le parfum de l’encens te tue, et il n’y a que le parfum de
l’encens dans tout l’univers. Le son de la cloche te tue, et il n’y a que
‘boooong’ dans tout l’univers… » C’est une bonne expression du non‑esprit.
Cependant, par la suite, après une lecture plus
approfondie, j’ai été déçu de constater qu’il manquait toujours de la
réalisation d’anatman et, par conséquent, qu’il n’avait pas dépassé la vision
d’une seule mentalité malgré l’expérience du non‑esprit. Il a continué à
affirmer que « les objets de l’esprit vont et viennent dans un flot incessant,
les contenus de la conscience surgissent et cessent – l’esprit ou la conscience
est le royaume immuable dans lequel les objets vont et viennent, la dimension
inaltérable dans laquelle les contenus de la conscience surgissent et cessent
», et bien qu’il considère la conscience comme immuable alors que tous les
phénomènes changent, il insiste pour dire que la conscience est non‑duelle avec
les phénomènes : « En bref, la réalité est non‑duelle (non‑deux), donc tout
dans la réalité est un aspect intrinsèque ou un élément de cette unique
réalité. »
Il est clair que, malgré son expérience non‑duelle
jusqu’au non‑esprit, la vision de l’existence inhérente reste très forte, et
subtilement duale. Le décalage entre la vision et l’expérience persiste. Il
s’agit d’avoir la vision atman d’une réalité unique, immuable et
intrinsèquement existante, tout en étant non‑duel avec tout. Je pourrais
continuer sans fin et citer d’innombrables autres enseignants et praticiens,
qu’ils soient bouddhistes ou non, qui rencontrent ce problème, car c’est très
courant.
C’est pourquoi l’anatta n’est pas simplement
l’expérience du non‑esprit, ni une expérience non‑duelle, ni même la
réalisation de la non‑division entre sujet et objet, entre percepteur et perçu,
entre entendre et le son. Malheureusement, de nombreux praticiens et
enseignants le confondent avec cela. Il devrait plutôt s’agir d’une réalisation
qui tranche, qui perce la vision de l’existence inhérente d’une
source/substrat/conscience. C’est la réalisation que seule une manifestation
vive et lumineuse se connaît et se déploie sans qu’il y ait jamais de
connaisseur ou d’agent, tout comme il n’existe pas de vent qui soit l’agent du
souffle ou d’éclair qui soit l’agent du flash (ceux‑ci ne sont que des
désignations dépendantes et de simples noms), et de plus, il n’existe aucune
essence ontologique ou métaphysique qui subsiste sous quelque forme que ce
soit.
Ainsi, après le passage du « JE SUIS » au non‑duel,
il est crucial de dépasser la vision d’« une substance » et de franchir la
réalisation de l’anatman. Même cela n’est que le début.
Ces dernières semaines, davantage de personnes ont
réalisé l’anatman sur mon blog, et je les ai guidées vers des insights plus
profonds sur l’originisation dépendante et le vide. Cependant, les véritables
insights sur le vide et l’originisation dépendante ne peuvent être compris sans
une compréhension profonde de notre conscience, de notre clarté vide. En
général, je ne complique pas trop les choses concernant l’originisation
dépendante et le vide tant que les gens ne sont pas parfaitement clairs sur la
réalisation d’anatta à travers les deux strophes, les 2 authentifications
d’anatta, car c’est la base. Tout est vide d’existence inhérente mais d’une
clarté vive et radieuse ; tout apparaît parce que c’est la radiance de la
clarté. Par conséquent, pour obtenir un insight profond, l’authentification
directe de son éclat et de sa clarté est cruciale. La réalisation de l’anatman
est primordiale.
Dans la première strophe, le sujet de fond, l’agent,
le spectateur, le faiseur est perçu, tout surgit spontanément. Dans la deuxième
strophe, « voir » se réduit à voir, la clarté radieuse et la présence‑conscience
sont directement authentifiées en tant que toutes les apparences, comme toutes
les montagnes, rivières et la grande terre.
Les deux strophes sont également importantes.
L’absence de cette authentification directe de l’éclat en tant que
manifestation vive ne constitue pas ce que j’appelle une réalisation
authentique d’anatman, ce puissant goût et insight de toute la transience en
tant que Présence‑Conscience. Cela peut être simplement une compréhension
intellectuelle, ou encore être biaisé vers le non‑agissement, sans être encore
non‑duel et anatta. Pourtant, même si l’on réalise la conscience en tant
qu’apparence vive, on peut encore tomber dans la non‑dualité substantialiste ;
il faut donc veiller à approfondir l’insight et à percer toute vision
résiduelle et tout sentiment d’une conscience inhérente et immuable.
Les deux authentifications d’anatta sont comme ce
que j’ai écrit précédemment, « Strophe 1
Il y a la pensée, mais pas de penseur
Il y a l’écoute, mais pas d’auditeur
Il y a la vision, mais pas de voyant
Strophe 2
Dans la pensée, il n’y a que des pensées
Dans l’écoute, il n’y a que des sons
Dans la vision, il n’y a que des formes, des
contours et des couleurs.
Cela doit être réalisé en tant que Sceau du Dharma.
L’insight selon lequel « anatta » est un sceau et non une étape doit émerger
pour progresser vers le mode « sans effort ». C’est-à-dire, anatta est le
fondement de toutes les expériences et l’a toujours été, sans « moi ». En
voyant, il n’y a toujours que ce qui est vu ; en entendant, il n’y a toujours
que le son ; et en pensant, il n’y a toujours que la pensée. Aucun effort n’est
requis, et il n’a jamais existé de « moi ».
Il est donc important de souligner l'anatta comme la réalisation d'un sceau du Dharma — c'est-à-dire que, dans le fait de voir, il n'apparaît que ce qui est visible, sans observateur sous-jacent. Ce n'est pas simplement une phase où le sentiment d'un observateur se dissout en de simples apparences ; une telle phase peut survenir sans la sagesse prajñā qui pénètre et perce la construction illusoire d'un point de référence interne, c'est-à-dire la notion d’un percevant inhérent. Faire l'expérience du no-mind n'est pas particulièrement difficile ou rare, mais réaliser véritablement l'anatta l'est beaucoup plus — même si cela n'est que le début sur le chemin vers la bouddhéité. Beaucoup se concentrent sur l'expérience, sans obtenir la clarté nécessaire pour discerner les différences. Il est rare de trouver des pratiquants et des enseignants ayant véritablement réalisé l'anatta. La plupart des personnes ayant des expériences non-duelles considèrent que « dans le visible, il n’y a que le visible » comme un simple état de no-mind, plutôt que comme la réalisation plus profonde qui perçoit le vide fondamental d’un soi, d’un percevant ou de tout agent indépendant, ou encore une conscience ultime qui existe indépendamment de la manifestation. En vérité, il n'y a jamais eu d'observateur ni de perception ou de conscience inhérente distincte de ce qui est vu, ressenti ou connu, et cette vérité doit être réalisée directement comme étant toujours ainsi, et non comme un stade transitoire de l'expérience.
Il se fait tard, et ce post devient bien trop long.
Je traiterai certains de vos problèmes concernant le non‑agissement dans un
post séparé demain.
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New Translation
L’afficheur a répondu :
Oh mon monde..
Je suis sans voix en ce moment. J’essaierai de
répondre correctement une fois que tout ceci aura un peu fait son effet. Tu
comprends vraiment. Tu décris d’autres expériences que j’ai également vécues,
ou des aperçus et même des « suspicions ». J’attends avec impatience de lire ce
que tu as à dire concernant les questions relatives à l’absence d’un agent. Tu
n’as aucune idée de combien je te suis reconnaissant pour cela. Ou… peut-être
que tu as une idée, en fait. Je l’ai déjà lu deux fois, et je le lirai encore.
Wow.
Je pense que je devrais également lire ton guide. Je
viens de faire défiler la table des matières et cela semble très intéressant.
Merci infiniment !
Le lendemain, j’ai écrit davantage :
D’autres réponses :
Après avoir décrit les différentes facettes du
soi/Soi et du non-soi/Soi, je m’attarderai un peu sur les écueils et les
malentendus relatifs à l’absence d’un agent et au non-soi.
Quelqu’un qui traverse l’expérience de l’absence
d’un agent éprouve de la spontanéité et un certain sentiment de liberté, mais
cela s’accompagne souvent d’une grande confusion qui ne se clarifie qu’avec des
éclaircissements ou des indications plus profonds.
Un écueil possible est que l’on puisse finir par
avoir une compréhension confuse du non-soi et de la non-action.
J’ai écrit ceci sur Facebook en réponse à un ami,
Din Robinson, à qui Thusness avait rédigé ses « 7 étapes de l’expérience »
(initialement 6) en 2006 :
Din :
« Dès que tu entreprends une action ou ressens le
besoin de t’entraîner, alors tu perpétues le mythe d’un « toi » qui existe dans
le temps et dans l’espace, pas qu’il y ait quelque chose de mal à cela ! »
Ma réponse :
Ce n’est pas vrai. C’est aussi ridicule que de dire
« tant que tu entreprends une action pour rester en
forme, comme aller à la salle de sport, alors tu perpétues le mythe d’un « toi
» qui existe dans le temps et dans l’espace »
ou
« tant que tu entreprends une action pour réussir
tes examens, comme étudier assidûment, alors tu perpétues le mythe d’un « toi »
qui existe dans le temps et dans l’espace »
ou
« tant que tu entreprends une action pour survivre,
comme manger et dormir, alors tu perpétues le mythe d’un « toi » qui existe
dans le temps et dans l’espace »
ou
« tant que tu entreprends une action pour guérir ta
maladie, comme aller chez le médecin, alors tu perpétues le mythe d’un « toi »
qui existe dans le temps et dans l’espace »
Le non-soi/Anatta ne consiste pas à nier la pensée,
l’action, le fait de porter de l’eau et de couper du bois… et c’est là la
différence clé entre une véritable perspicacité sur l’anatta et une
compréhension conceptuelle dualiste.
L’idée même que « action » et « intention »
impliquent, ou nécessitent, un « acteur », et par conséquent que, pour la
non-action, les intentions et les actions doivent aussi cesser, consiste
précisément à utiliser une pensée dualiste pour comprendre le non-soi…
L’action n’a jamais nécessité un soi (en réalité, il
n’y a jamais eu de soi ou d’agent en dehors de l’action dès le départ :
seulement une illusion de soi), et l’action n’a pas besoin de perpétuer le
mythe d’un soi.
Le mythe d’un soi ne dépend pas exactement de
l’action ou de son absence. Certes, l’action qui découle du sens dualiste de
l’acteur/acte, où il y a un « je » qui tente de modifier ou d’atteindre « cela
», est une forme d’action produite par l’ignorance. Mais toutes les actions ne
découlent pas nécessairement d’un sens de la dualité. Si toutes les actions
découlaient d’un sens de la dualité, alors, après l’éveil, on mourrait, car on
ne pourrait même pas se nourrir.
Lorsque l’on opère avec une manière dualiste de
comprendre, on pense que l’action implique un soi qui accomplit un acte, et on
pense que la non-action implique que le soi s’arrête avec l’action. Mais la
véritable compréhension de la non-action consiste simplement à réaliser qu’il
n’y a jamais eu de véritable acteur derrière l’action, de sorte qu’il n’y a
toujours, dans l’action, que cette action – l’être tout entier n’est que
l’exercice total (一法究盡 (ippo‐gūjin)) de l’action,
et cela a toujours été le cas, même si ce n’est pas réalisé.
C’est cela la véritable non-action – il n’y a pas de
sujet (acteur) accomplissant un acte (objet).
De plus : Le mythe d’un soi ne dépend pas de la
pratique ou de son absence. (Oh, mais la « bonne pratique » et la «
contemplation » font beaucoup pour déconstruire ce mythe !)
Cependant, le mythe d’un soi dépend de l’ignorance,
et seule la sagesse met fin à cette ignorance, tout comme allumer les lumières
conduit à la cessation naturelle de la peur irrationnelle et de l’idée d’un
monstre dans une pièce sombre chez un enfant.
Il n’y a toujours que l’action sans agent. L’absence
d’agent ne nie pas l’action, elle nie l’agence, et la réalisation de cela
conduit à l’expérience directe et immédiate de l’exercice total (一法究盡 (ippo‐gūjin))/action totale, où l’agent/l’acte
est raffiné jusqu’à disparaître en un seul mouvement.
Il n’y a rien de passif dans la non-action. La
non-action est simplement une action sans soi/Soi. Toutes les actions
effectuées sans le sens du soi/Soi sont en fait de la non-action.
Sans le pôle subjectif (l’acteur), le pôle objectif,
en contraste avec le sujet (celui qui est l’objet de l’action), est également
automatiquement nié. Pourtant, clairement, l’exercice total (一法究盡 (ippo‐gūjin)) – l’action pure… continue.
Dogen appelle cela la pratique-éveil. Tu ne
pratiques pas pour l’éveil (comme s’il s’agissait d’un but futur séparé de
toi). Ta pratique même de l’actualisation de l’insight de l’anatta est en
elle-même une pratique-éveil.
S’asseoir, c’est la pratique, c’est l’actualisation,
c’est la nature de Bouddha, c’est l’éveil.
Déféquer, aussi, peut être une
pratique/actualisation et cet acte même est la nature de Bouddha, c’est
l’éveil.
Ta pratique/actualisation/acte de simplement
t’asseoir, d’entendre le vent souffler, de contempler le paysage, de marcher
dans la rue, de couper du bois et de porter de l’eau (sans aucune illusion de
soi/Soi) – cela même est la pratique-actualisation-éveil, c’est l’exercice
total (一法究盡 (ippo‐gūjin)) où l’être
tout entier n’est que le son entier, le paysage entier, l’action entière…
C’est une pratique non-duelle et une action
non-duelle.
2. Une mauvaise compréhension du non-soi conduit à une idée fataliste et
déterministe qui nie ou mal interprète la causalité et l’origine
interdépendante. Mais l’origine interdépendante ne doit pas être mal comprise
comme du fatalisme ou l’idée que « rien ne peut être fait pour accomplir quoi
que ce soit ».
Il serait erroné qu’un médecin, réalisant qu’il n’y
a pas de soi, dise donc à ses patients que toutes les maladies sont en quelque
sorte fatales ou prédéterminées et que l’on devrait simplement se soumettre
passivement au flux des choses et voir ce qui se passe. Bien sûr, cela est tout
simplement absurde. Elles doivent être traitées, rapidement et activement. Mais
elles sont traitées non pas en tentant d’exercer un contrôle ou une volonté
ferme via la fausse notion d’agence (la maladie ne peut être guérie simplement
en essayant de la vouloir ou de la contrôler pour la faire disparaître – il y a
tant de dépendances impliquées). Elles sont traitées en reconnaissant leur
origine interdépendante et en abordant cette origine interdépendante de manière
non inhérente. De même, le Bouddha est comme un grand médecin qui discerne
complètement notre maladie et le remède à notre maladie, et c’est ainsi qu’en
discernant l’origine interdépendante, il enseigna les Quatre Nobles Vérités :
la vérité de la souffrance, la cause de la souffrance, la fin de la souffrance,
et le chemin qui met fin à la souffrance (qui est le Noble Sentier Octuple).
Aussi, comme l’a dit John Tan/Thusness il y a de
nombreuses années :
« Les tendances nihilistes surgissent lorsque
l’intuition de l’anatta est biaisée vers l’aspect de l’absence d’un agent. Ce
qui se passe par lui-même doit être correctement compris. Il semble que les
choses se réalisent en ne faisant rien, mais en réalité, les choses se font
grâce à la maturation de l’action et des conditions.
Ainsi, l’absence de la nature de soi n’implique pas
que rien ne doit être fait ou que rien ne peut être fait. C’est un extrême. À
l’autre extrême se trouve la nature de soi d’un contrôle parfait de ce que l’on
veut, on obtient. Les deux sont considérés comme faux. L’action + les
conditions mènent à un effet. »
3. Es-tu au courant des sept facteurs de l’éveil enseignés par le Bouddha
? Ils sont la pleine conscience, l’investigation, l’énergie, la joie extatique,
la tranquillité, la stabilité de l’esprit et l’équanimité. C’est ainsi que nous
devrions cultiver dans notre pratique et aussi évaluer où en est notre
pratique.
Ce sont les facteurs à cultiver, qui conduisent à
l’éveil et à la libération. Cela signifie que notre pratique devrait nous
rendre joyeux, rayonnants, lumineux, conscients, tranquilles, calmes,
concentrés, énergiques, et nous permettre d’acquérir des insights plus
profonds, etc.
Mais si, au contraire, nous devenons de plus en plus
comme un zombie, de plus en plus léthargiques et démotivés, cela signifie que
quelque chose ne va pas dans notre direction et que nous devrions examiner cela
et y remédier.
Après la maturation de l’anatta, on ressent une
grande énergie parcourir son corps et même son teint rayonne naturellement de
la joie et de la luminosité éprouvées.
Je me souviens qu’une des premières choses que John
Tan/Thusness a demandées à quelqu’un, il y a de nombreuses années, après que
cette personne eut décrit un certain insight du non-soi et de l’absence d’un
agent, fut :
« Une énergie zélée est-elle apparue ? »
et il commenta :
« Il est conseillé de passer l’insight de l’anatta
en mode actif. »
Il est donc bon de savoir qu’il existe un mode
passif et un mode actif du non-soi.
Il y a la manière passive de l’absence d’un agent,
où l’on laisse simplement les choses se dérouler d’elles-mêmes, mais cela est
souvent couplé à un sentiment de dissociation parce que le niveau d’insight n’a
pas encore atteint le niveau non-duel.
Même après l’atteinte de la non-dualité de l’anatta,
il faut souvent un certain temps pour que cet insight mûrisse et que l’on vive
l’expérience au point que l’anatta s’intègre dans l’action totale et l’exercice
total (一法究盡 (ippo‐gūjin)).
Tu te souviens de ce que j’ai dit à propos de
Michael Jackson ? Il a dansé jusqu’à ce que tout sens du soi soit oublié, ne
laissant place qu’à « la danse ».
Note qu’il n’était pas assis en tailleur en posture
du lotus, il était totalement engagé.
Les personnes pratiquant des sports dangereux
rapportent également souvent entrer dans la zone et oublier le soi, atteignant
un état d’unité complète avec leur action et leur environnement, car tout faux
pas peut signifier la mort, et c’est cet état accru de vitalité et de mort de
l’ego, dans ce moment d’engagement total dans l’activité, qui constitue
également l’attrait de s’engager dans de telles activités.
Mais hélas, toutes ces expériences de pointe ne sont
que passagères puisqu’elles n’ont pas réalisé l’anatta.
Il n’est pas nécessaire de réaliser des exploits
extraordinaires pour atteindre de tels états d’expérience de pointe, la
réalisation de l’anatta transforme les activités ordinaires et banales de la
vie quotidienne en activités merveilleuses de la nature de Bouddha et
d’exercice total (一法究盡 (ippo‐gūjin)).
Cependant, toutes ces personnes décrites ci-dessus
n’expérimentent pas simplement une « expérience passive de l’absence d’un agent
» – leur sens du soi est complètement dissous.
Quelle est la différence ? Ils ne se contentent pas
de « regarder passivement les choses se dérouler d’elles-mêmes ». Loin de
simplement observer les choses flotter avec un désintérêt passif, comme un
spectateur dissocié… ils sont totalement concentrés, complètement dans la zone,
entièrement engagés avec leur être tout entier/corps-esprit et leurs intentions
dans leur action, jusqu’à ce que l’écart entre l’acteur et l’action, l’agent et
l’acte, l’observateur et l’observé soit raffiné jusqu’à disparaître, se
confondant avec cette activité même.
C’est comme la dissolution du sujet et de l’objet,
non seulement en expérimentant passivement un son sans celui qui entend ou une
vision sans celui qui voit, mais aussi dans cet engagement complet dans
l’action sans un acteur distinct.
C’est la véritable non-action, qui n’est pas
littéralement de l’inactivité passive, mais une action non-duelle, une action
sans le sens du soi, ou bien l’être tout entier est l’action.
C’est un engagement total dans l’action sans le sens
du soi, non seulement sans le sentiment d’un agent, mais aussi sans celui
d’être un observateur passif.
Comme je l’ai dit plus tôt, une fois que la
réalisation de l’anatta émerge, la non-dualité devient l’état naturel et se
révèle toujours déjà être le cas.
Initialement, après l’insight, on peut encore être
enclin à expérimenter la non-dualité dans un état de passivité – se détendre et
laisser les expériences sensorielles et les événements surgir dans un état
non-duel, expérimenter le non-soi dans un état de passivité, comme simplement
apprécier le paysage au point d’oublier complètement le soi dans l’éclat vif ou
la luminosité du paysage, les sons, les sensations et les arômes, etc. – cette
fois, c’est sans effort et naturel, sans entrée ni sortie – car on réalise que,
lorsqu’on voit, voir n’est que des couleurs sans voyant, et entendre n’est que
des sons sans auditeur.
Et pourtant, une compréhension mûre de l’anatta nous
permet également d’emprunter le chemin pour nous engager complètement et sans
faille dans des actions jusqu’au point de dissoudre tout sens du soi dans cette
activité.
La dernière étape des dix tableaux de l’élevage des
bœufs du Zen s’appelle « entrer sur le marché ».
L’expérience de l’action totale, de la non-action,
de l’action non-duelle est en fait une sorte d’être dans la zone, comme
mentionné ci-dessus, mais l’important est de réaliser et d’actualiser cela
comme un état naturel dans toutes les activités, et cela n’est possible
qu’après avoir réalisé l’anatta.
Après avoir réalisé l’anatta (et pas seulement
l’absence d’un agent), il devient très naturel et sans effort de s’engager
complètement dans l’activité au point de ne laisser aucune trace de soi et
d’actualiser pleinement ta véritable nature en tant que cette même activité.
Ceci est fortement souligné dans le Zen, mais même
les enseignements de base du Theravada peuvent t’y conduire si ils sont bien
compris –
https://awakeningtoreality.blogspot.com/2012/10/total-exertion_20.html – j’ai
discuté d’une conversation que j’ai eue avec un maître Zen et cela pourrait
t’intéresser.
Cette action non-duelle mûrit finalement en un
exercice total (一法究盡 (ippo‐gūjin)), qui est mis
en avant dans certains enseignements comme le Soto Zen et le maître Zen Dogen.
L’exercice total (一法究盡
(ippo‐gūjin)) est comme lorsque tu manges, l’univers entier mange. Quand tu
marches, tout le ciel et les montagnes marchent avec toi.
À ce stade, dans chaque expérience et activité
banale, tu fais l’expérience de l’infinité de l’univers s’exerçant sous forme
de cette activité.
Thusness :
« [Total] Exertion est, après la réalisation de
l’interdépendance sans faille, le pratiquant ressent l’univers donnant le
meilleur de lui-même pour rendre ce moment possible. Lis le Dogen de ramer dans
le bateau. »
Dogen :
« La naissance, c’est comme monter dans un bateau.
Tu hisses les voiles, tu rames avec l’aviron et tu diriges. Bien que tu rames,
le bateau te porte, et sans le bateau, tu ne pourrais pas naviguer. Mais tu
navigues dans le bateau et ta navigation fait ce que le bateau est…
Lorsque tu navigues dans un bateau, ton corps et ton
esprit ainsi que l’environnement forment ensemble l’activité indivise du
bateau. La Terre entière et le ciel entier sont tous deux l’activité indivise
du bateau. »
« En partant, le ciel infini s’en va, en arrivant,
toute la Terre vient. Ceci est l’esprit de tous les jours. »
Maintenant, si tu fais mûrir tes insights au point
d’atteindre la véritable non-action et l’exercice total (一法究盡
(ippo‐gūjin)), tu ne te retrouveras pas dans un état de dissociation, de
passivité et de léthargie.
Au contraire, on vit la vie à son maximum,
littéralement – dans tous les domaines de la vie, pleinement vivant,
entièrement engagé et pourtant non attaché.
Mon impression d’après ton message est que tu fais
l’expérience de l’absence d’un agent (non-doership) mais avec un sentiment de
dissociation, accompagné d’une certaine confusion. Mais si tu progresses dans
les insights et la pratique conformément au guide AtR, ou si tu trouves un bon
maître Zen (il y en a beaucoup, notamment dans la lignée du Soto Zen/Dogen) qui
peut te conduire à l’exercice total (一法究盡
(ippo‐gūjin)), tes problèmes seront résolus.
Tu finiras par expérimenter ce que j’ai dit dans ce
fil de discussion.
Comme John Tan/Thusness l’a dit auparavant :
« Lorsque l’anatta mûrit, on est pleinement et complètement
intégré à tout ce qui surgit jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de différence et de
distinction. »
« Quand le son surgit, il est pleinement et
complètement embrassé avec le son tout en restant non attaché. De même, dans la
vie, nous devons être pleinement engagés tout en restant non attachés. »
– John Tan/Thusness
« En réalité, il n’y a aucune contrainte. Les 4
aspects dans l’ÊTRE sont pleinement exprimés dans l’anatta, comme je te l’ai
dit. Si la vitalité est partout, comment pourrait-on ne pas s’engager… c’est
une tendance naturelle d’explorer dans divers domaines et de profiter dans les
affaires, la famille, les pratiques spirituelles… Je suis impliqué dans la
finance, les affaires, la société, la nature, la spiritualité, le yoga…🤣🤣🤣. Je ne trouve pas cela
pénible… Tu n’as qu’à ne pas te vanter de ci ou de ça et (simplement) être
non-duel et ouvert. »
– John Tan/Thusness, 2019
« Je viens de rencontrer un ami hier qui a récemment
commencé à méditer. Sa petite amie a plaisanté en disant qu’il pourrait devenir
moine. Je lui ai dit qu’en plus de la méditation assise quotidienne (qui est
très importante même après la réalisation de l’anatman, sans parler d’avant –
https://www.awakeningtoreality.com/2018/12/how-silent-meditation-helped-me-with.html),
la pratique se trouve principalement et énormément dans la vie quotidienne et
l’engagement plutôt que dans une région reculée des montagnes, il s’agit de
vivre une vie sur le marché qui est spontanément bénéfique pour soi-même et
pour les autres, et joyeuse, plutôt que misérable. Elle est pleinement engagée
et libre. »
Le maître Zen Bernie Glassman a dit,
« À son niveau le plus profond et le plus
fondamental, le Zen — ou toute voie spirituelle, d’ailleurs — est bien plus
qu’une liste de ce que nous pouvons en retirer. En fait, le Zen est la
réalisation de l’unicité de la vie dans tous ses aspects. Ce n’est pas
seulement la partie pure ou « spirituelle » de la vie : c’est la totalité.
C’est les fleurs, les montagnes, les rivières, les ruisseaux, et le
centre-ville ainsi que les enfants sans-abri de la Quarante-deuxième Rue. C’est
le ciel vide, le ciel nuageux et aussi le ciel brumeux. C’est le pigeon qui
vole dans le ciel vide, le pigeon qui défèque dans le ciel vide, et qui marche
dans les fientes de pigeon sur le trottoir. C’est la rose qui pousse dans le
jardin, la rose coupée qui brille dans le vase du salon, les ordures où nous
jetons la rose, et le compost où nous jetons les ordures. Le Zen, c’est la vie
— notre vie. Il s’agit de réaliser que toutes choses ne sont que des
expressions de moi-même. Et moi-même n’est rien d’autre que l’expression
complète de toutes choses. C’est une vie sans limites. Il existe de nombreuses
métaphores pour une telle vie. Mais celle que j’ai trouvée la plus utile et la
plus significative vient de la cuisine. Les maîtres Zen appellent une vie vécue
pleinement et complètement, sans rien retenir, « le repas suprême ». Et une
personne qui vit une telle vie — une personne qui sait planifier, cuisiner,
apprécier, servir et offrir le repas suprême de la vie, est appelée un
cuisinier Zen. »
« Mais pourquoi un vénérable aîné tel que toi
perd-il son temps à faire le travail ardu d’un chef cuisinier ? » insista
Dogen.
« Pourquoi ne passes-tu pas ton temps à pratiquer la
méditation ou à étudier les paroles des maîtres ? »
Le cuisinier Zen éclata de rire, comme si Dogen
avait dit quelque chose de très drôle.
« Mon cher ami étranger, » dit-il, « il est clair
que tu ne comprends pas encore de quoi il s’agit dans la pratique Zen. Quand tu
auras l’occasion, s’il te plaît, viens me rendre visite dans mon monastère afin
que nous puissions discuter de ces questions plus en détail. »
Et sur ce, il rassembla ses champignons et entreprit
le long voyage de retour vers son monastère. Dogen finit par visiter et étudier
auprès du cuisinier Zen dans son monastère, ainsi qu’avec de nombreux autres
maîtres. Lorsqu’il revint enfin au Japon, Dogen devint un maître Zen renommé.
Mais il n’oublia jamais les leçons qu’il avait apprises du cuisinier Zen en
Chine.
– Zen Master Bernie Glassman » – Soh, 2019
« Dans le Zen, l’éveil implique une intégration
complète dans les activités. Tout manque de cet insight n’est pas « l’éveil en
Zen ». »
– John Tan, 2010
«
Mes activités quotidiennes ne sont pas
inhabituelles,
Je suis simplement en harmonie naturelle avec elles.
Ne rien saisir, ne rien rejeter,
Partout il n’y a ni obstacle, ni conflit.
Qui attribue les rangs de vermillon et de pourpre ?
La dernière poussière des collines et des montagnes
est éteinte.
[Mon] pouvoir surnaturel et mon activité
merveilleuse—
puiser de l’eau et porter du bois.
»
– Laïc Pang
Un vieil adage Zen — « Avant l’éveil, coupe du bois
et porte de l’eau. Après l’éveil, coupe du bois et porte de l’eau. »
Voir aussi : une conversation que j’ai eue avec un
maître Zen en 2012, Total Exertion
http://www.awakeningtoreality.com/2012/10/total-exertion_20.html
« Ce que tu as dit est très bien. Cela m’a rappelé
une discussion que je viens d’avoir avec Thusness au sujet d’un nouveau livre
de Tony Parsons intitulé “This Freedom”.
J’ai demandé à Thusness ce qu’était la liberté. La
liberté ne consiste pas à faire ce que l’on aime, cela serait encore une vision
de soi. Ce n’est pas non plus simplement être désengagé du paradigme de la
dualité sujet/objet, division vie/mort.
La réalisation de l’anatta et du vide renonce au soi
et aux constructions réifiées, par conséquent les frontières artificielles et
les obstacles se dissolvent également.
Lorsque les constructions artificielles se
dissolvent, le naturel, le primordial et l’inaltéré se manifestent spontanément
dans chaque engagement.
Si ce n’est pas le cas, alors on risque d’être
encore enchevêtré dans un ultime non-duel et de se noyer dans une eau
stagnante.
D’où la différence entre comprendre le non-duel
libéré du cadre de la dualité et l’actualisation de la réalisation non-duelle
en tant que spontanéité de l’action pleine d’énergie et de compassion.
Ainsi, comme me l’a indiqué Thusness, la liberté
doit être réalisée non seulement comme le non-attachement, mais aussi comme une
expression sans limites, pleine de vie et de puissance.
Par conséquent, non seulement le chemin du
non-attachement se voit clairement, mais la voie de la compassion sans limites
et de la viriya (énergie) puissante doit également être directement ressentie
et vécue.
Non immobilisée par des constructions artificielles
et la dualité, l’action est naturelle et spontanée ; sans soi, il n’y a ni
hésitation ni obstruction.
Si l’on considère uniquement la liberté comme le
non-attachement, alors on aura manqué une énorme partie de l’insight
expérientiel de l’anatta et on ne comprendra pas pourquoi Mipham insiste tant
pour parler des attributs positifs de Bouddha, sans tomber dans les vues du
Shentong.
Par exemple, lorsque Thusness m’a demandé ce
qu’était la peur, ma réponse avait principalement trait aux facteurs
mentaux/psychologiques et à l’attachement. Cependant, ce que Thusness veut que
je voie, c’est que la peur n’est pas seulement surmontée par le
non-attachement, mais aussi par le sentiment d’une vie et d’une énergie sans
limites.
Au fait, fais-tu du yoga ou toute autre forme de
pratique énergétique ?
»
– Soh, 2016
«
Et quand tu fais l’expérience, une personne
ressentira une radiance éclatante.
Cela signifie que lorsque tu la vois, tu trouveras
cette radiance éclatante, tu sais ?
Car une fois qu’une personne expérimente la
non-dualité, il n’y a plus d’attachement, il n’y a que de la luminosité.
Il y a juste un sens pur de l’existence, de la
clarté, de toutes choses.
D’une certaine manière, il y a une joie et une
énergie suprêmes qui jaillissent de partout, qui soutiennent une personne.
Telle est sa nature.
»
– John Tan, 2007,
https://www.awakeningtoreality.com/p/normal-0-false-false-false-en-sg-zh-cn.html
Je me souviens qu’une des premières choses que John
Tan/Thusness a demandées à quelqu’un, il y a de nombreuses années, après que
cette personne eut décrit un certain insight du non-soi et de l’absence d’un
agent, fut :
« Une énergie zélée est-elle apparue ? »
et il commenta :
« Il est conseillé de passer l’insight de l’anatta
en mode actif. »
Mise à jour 2025 :
En raison des circonstances spécifiques de la
personne à qui je destinais cet article, je me suis intentionnellement abstenu
d’approfondir d’autres insights au-delà de la percée initiale de l’anatta.
Fournir plus d’informations à ce stade aurait été accablant pour quelqu’un qui
était encore au tout début de son parcours.
Cependant, je tiens à souligner que les insights
décrits ci-dessus, même après une véritable réalisation de l’anatman, ne
représentent que le début. D’autres insights se déploieront naturellement avec
le temps. Pour en dire plus, je citerai quelques réflexions partagées par John
Tan :
« L’anatta permet de reconnaître les apparences
comme étant sa propre radiance. Mais ce n’est pas encore l’anatta proprement
dit sans la reconnaissance de l’origine interdépendante.
Ainsi, on peut réaliser l’anatta sous l’aspect de
l’agence en tant que construction conventionnelle qui n’existe pas dans « celui
qui expérimente en expérimentant » ou « celui qui entend en entendant le son »
ou « celui qui voit en voyant le paysage »… etc., mais sans encore réaliser
l’origine interdépendante et ses implications, et vice versa.
Donc l’anatta,
l’origine interdépendante et le vide,
puis les deux.
Ensuite, l’origine interdépendante et la relation
entre les constructions nominales et l’efficacité causale.
Puis, l’origine interdépendante et la présence
spontanée.
Et la perfection naturelle.
Tout cela doit être clair. »
« Cela [Soh : une percée initiale vers certains
aspects du non-soi mais pas la sagesse définitive de l’absence de soi enseignée
par le Bouddha] peut également être interprété comme le non-soi se résolvant en
monisme.
Cela peut également être la non-soi et l’absence
d’essence tout en n’ayant pas l’insight que l’origine interdépendante est
libérée des 8 extrêmes. »
Soh sur les « Huit Négations » associées :
Traduction ChatGPT de
http://www.masterhsingyun.org/article/article.jsp?index=37&item=257&bookid=2c907d4944dd5ce70144e285bec50005&ch=3&se=17&f=1
“The so-called ‘Eight Negations’ are: not arising, not ceasing, not being permanent, not being continuous, not being one, not being different, not coming, and not going. These Eight Negations are primarily aimed at dismantling the attachment to the inherent nature of the self of sentient beings. In other words, phenomena dependent on origination are inherently empty and inaccessible. However, ordinary beings, heterodox practitioners, and those with certain realizations fail to realize the emptiness of all phenomena. They persistently cling to the reality of things, from common-sense reality to metaphysical reality, unable to transcend their illusory views of the inherent nature of the self.
These inherent views of the self manifest themselves in different ways:
• In time: Views of permanence and cessation.
• In space: Views of unity and difference.
• In the movement of time and space:
Clinging to the “coming and going”.
• In the true nature of phenomena:
Clinging to “arising and ceasing”.
These eight measures of arising and ceasing are the root causes of sentient beings' confusion and do not accord with the Middle Way, which is free from all illusory views and conceptual fabrications. Therefore, Nagarjuna Bodhisattva established the "Eight Negations" to eliminate all confusions of accomplishment and reveal the Middle Way of non-accomplishment. As the ancients said:
“The wind of the wonderful doctrine of the Eight Negations sweeps away the dust of illusory thoughts and conceptual fabrications; the moon of correct insight in non-attainment floats on the water of the Middle Way of reality.”
See also: Dark Night of the Soul, Depersonalization, Dissociation, and Derealization
Tags: Anatta |
[Continued in next message]
Also See: (French) On Anatta (No-Self), Emptiness, Maha and Ordinariness, and Spontaneous Perfection
Also See: (French) Nouns are necessary to initiate verbs
Also See: (French) Buddha Nature is NOT "I Am"