Original English Article: Thusness/PasserBy's Seven Stages of Enlightenment
Also See: (French) Nature de Bouddha n'est PAS "Je Suis" - Buddha Nature is NOT "I Am"
Les
Sept Étapes de l’Éveil selon Thusness/PasserBy
Soh :
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Mises à jour :
- Un
guide pratique pour favoriser la réalisation et l’actualisation des
intuitions est disponible :
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- Nouvelle
version abrégée du guide AtR :
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audio du Guide de pratique d’Awakening to Reality
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est maintenant disponible sur YouTube ! https://www.youtube.com/watch?v=-6kLY1jLIgE&ab_channel=SimplyAlwaysAwake
- Un
enregistrement audio de cet article est disponible sur SoundCloud ! https://soundcloud.com/soh-wei-yu/thusnesspasserbys-seven-stages-of-enlightenment?in=soh-wei-yu/sets/awakening-to-reality-blog
- Vous
êtes les bienvenus pour rejoindre notre groupe de discussion sur Facebook – https://www.facebook.com/groups/AwakeningToReality/
(Mise à jour :
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fermé, toutefois vous pouvez le
rejoindre pour accéder aux
anciennes discussions. C’est une
mine d’informations.)
- Recommandation : « La version abrégée du guide AtR est très bonne. Elle devrait mener à l’anattā si l’on
lit vraiment. Concis et direct. » – Yin Ling
(Soh : Cet article a été rédigé par mon enseignant, “Thusness”/“PasserBy”. J’ai personnellement traversé ces phases de réalisation.)
REMARQUE :
les étapes n’ont rien d’autoritaire ;
elles sont seulement partagées à titre d’information. L’article Sur
l’Anattā (Non‑Soi), la Vacuité, le Maha et l’Ordinaire, et la Perfection
Spontanée constitue une bonne référence pour ces sept phases d’expérience.
Les six étapes d’origine ont été étendues à sept, avec l’ajout de « Étape 7 :
La Présence se perfectionne spontanément », afin que les lecteurs comprennent qu’il est
essentiel de voir la nature de la réalité comme le fondement de toutes les expériences – ce qui est
Toujours Ainsi – pour qu’une absence d’effort
survienne.
Basé sur :
http://buddhism.sgforums.com/?action=thread_display&thread_id=210722&page=3
Sauf indication contraire, les commentaires ci‑dessous sont
de Thusness.
(Première rédaction :
20 septembre 2006 ; dernière mise à jour par
Thusness : 27 août 2012 ; dernière mise à jour par Soh : 22 janvier 2019)
Étape 1 : L’Expérience du « JE SUIS »
Il y a environ vingt ans, tout a commencé avec la question : « Avant la naissance, qui suis‑je ? » J’ignore pourquoi, mais cette question
semblait captiver tout mon être. Je pouvais passer jours et nuits
assis, concentré, à méditer sur cette question ;
jusqu’à ce qu’un jour,
tout parût s’immobiliser
complètement :
pas même le moindre fil de pensée n’émergeait. Il n’y avait strictement rien, une vacuité totale : seulement ce pur sentiment d’existence. Ce simple sens du Je, cette Présence, qu’était‑ce ?
Ce n’était pas le corps, ni la pensée puisqu’il
n’y avait aucune pensée, rien du tout :
juste l’Existence elle‑même. Nul
besoin que quiconque authentifie cette compréhension.
À l’instant de la réalisation, j’ai ressenti un formidable
flux d’énergie se libérer. C’était comme si la vie s’exprimait à travers mon
corps et que je n’étais rien d’autre que cette expression. Pourtant, à ce
moment‑là, je ne pouvais pas encore saisir pleinement ce qu’était cette
expérience ni comment j’en avais mécompris la nature.
Commentaires de Soh :
Ceci correspond également à la Première Rangée des Cinq Rangs
de Tōzan Ryōkai (une
carte zen de l’éveil), appelée « L’Apparent dans le Réel ». Cette
phase peut être décrite
comme un océanique Fond de l’Être ou
Source dépourvu du sens d’individualité/soi personnel, décrit ici par
Thusness en 2006 :
« Tel un
fleuve se jetant dans l’océan, le
soi se dissout dans le néant. Lorsqu’un
pratiquant devient parfaitement clair sur le caractère
illusoire de l’individualité, la
division sujet‑objet ne se produit plus. Une personne qui vit l’“ÊTREté” (AMness) trouvera l’“ÊTREté”
en toute chose. Comment est‑ce ?
Être libéré de l’individualité – allées et venues, vie et mort, tous les phénomènes surgissent et disparaissent simplement depuis le fond de l’ÊTREté. L’ÊTREté n’est pas vécue comme
une “entité” résidant quelque part, ni dedans ni dehors ; elle est plutôt expérimentée comme la réalité fondamentale permettant à tout phénomène de se manifester. Même au moment de la dissolution (la mort), le yogi est totalement
authentifié dans cette réalité ; expérimentant le “Réel” avec la plus grande clarté. Nous ne pouvons
perdre cette ÊTREté ; au
contraire, toutes choses ne peuvent que se dissoudre et re‑émerger d’elle. L’ÊTREté n’a pas bougé ; il n’y a ni
venue ni départ. Cette “ÊTREté” est Dieu.
Les pratiquants ne doivent jamais prendre cela pour le véritable
Esprit de Bouddha ! “JE SUISness” est la conscience immaculée ; c’est
pourquoi elle est si écrasante. Seulement, il n’y a pas encore d’“intuition” de sa nature de vacuité. »
(Extrait de « La
Nature de Bouddha n’est pas “Je Suis” »)
Soh :
Pour réaliser JE SUIS,
la méthode la plus directe est l’auto‑enquête, en se demandant « Avant la
naissance, qui suis‑je ? » ou
simplement « Qui
suis‑je ? ». Voir : Quelle est votre Esprit
même en ce moment ?,
chapitre sur l’auto‑enquête dans The Awakening to Reality Practice Guide et dans sa version
abrégée, ainsi que Awakening to Reality : A Guide to the Nature of Mind et mon e‑book gratuit, Conseils sur
l’Auto‑Enquête :
Investiguer Qui suis‑je, et non pas “se
demander” Qui suis‑je, Le Chemin Direct
vers votre Véritable Soi, le texte de Ramana Maharshi
« Who
am I? » (https://app.box.com/s/v8r7i8ng17cxr1aoiz9ca1jychct6v84)
et son livre Be As You Are, les textes et livres du
Maître chan Hsu Yun dont on
peut lire un exemple dans Essentials Of Chan Practice (méthode hua tou/auto‑enquête), ainsi que d’autres recommandations de lecture dans Book Recommendations 2019 et Practice Advices,
ou ces vidéos YouTube :
https://www.youtube.com/watch?v=lCrWn_NueUg
https://www.youtube.com/watch?v=783Gb4KbzGY
https://www.youtube.com/watch?v=ymvj01q44o0
https://youtu.be/BA8tDzK_kPI
https://www.youtube.com/watch?v=Kmrh3OaHnQs
Bien que John Tan
ne fût pas encore bouddhiste lorsqu’il réalisa JE SUIS, il s’agit également d’une réalisation
préliminaire importante pour de nombreux
pratiquants bouddhistes (mais pour certains, l’aspect de
Présence lumineuse n’apparaît que bien plus tard dans leur parcours). Et comme John Tan l’a dit
auparavant : « D’abord il y a l’authentification
directe de l’esprit/conscience (míngxīn 明心, Soh :
appréhender l’Esprit).
Il existe la voie directe comme l’éveil soudain
zen de l’esprit originel, ou le mahamudra, ou
l’introduction directe du rigpa en dzogchen, ou même l’auto‑enquête de
l’advaita – la perception directe, immédiate, de
la “conscience” sans
intermédiaires. Ils sont identiques.
Cependant, ce n’est pas encore la réalisation de la vacuité. » C’est aussi le « mental lumineux » tel qu’expliqué dans le bouddhisme theravāda et par des maîtres comme
Ajahn Brahmavamso (voir : https://www.awakeningtoreality.com/2021/09/seven-stages-and-theravada.html).
Notez que le JE SUIS dont
il est question dans la réalisation JE SUIS n’a rien à voir avec asmi‑māna :
litt. « orgueil “je suis” », car il s’agit de deux sujets totalement
distincts. Cependant, cela ne signifie pas que le JE SUIS soit la réalisation
finale dans aucune tradition bouddhiste, comme expliqué dans Reconnaître Rigpa vs Réaliser la Vacuité et dans Les différents modes du Rigpa – https://www.awakeningtoreality.com/2020/09/the-degrees-of-rigpa.html
Personnellement, me poser la question « Avant la naissance, qui suis‑je ? » pendant deux ans m’a conduit à la certitude indubitable de l’Être/Réalisation du Soi. Notez qu’il est très fréquent d’avoir des
aperçus et expériences
de JE SUIS ou une vaste
clarté, ou quelque reconnaissance d’être un observateur ;
mais tout cela ne constitue pas la réalisation JE SUIS de l’Étape 1 selon Thusness, ni l’Étape 1 n’est‑elle simplement un état de clarté. L’auto‑enquête
conduit à une réalisation
sans doute possible. J’ai eu des aperçus de JE SUIS par intermittence pendant
trois ans, avant ma réalisation certaine du Soi en février 2010,
relatée dans la première entrée de mon e‑book gratuit. Sur les différences,
voir Expérience/Aperçu/Reconnaissance JE SUIS vs Réalisation
JE SUIS (Certitude
de l’Être) et le premier point de Réalisation
et Expérience et Expérience Non‑Dualiste sous Différentes Perspectives.
Pour progresser après la réalisation JE SUIS, concentrez‑vous sur les Quatre
Aspects de JE SUIS,
contemplez les deux stances de l’anattā dans Sur l’Anattā (Non‑Soi),
la Vacuité, le Maha et l’Ordinaire, et la Perfection Spontanée ainsi que
sur Deux Types de Contemplation Non-Duale.
Beaucoup de personnes que je connais (y compris Thusness lui‑même)
sont restées bloquées aux Phases 1
à 3
pendant des décennies ou toute leur vie faute de
directives claires. En suivant les conseils de Thusness sur les quatre aspects
et la contemplation de l’anattā (non‑soi),
j’ai pu passer de la réalisation
de Phase 1 à la Phase 5
en moins d’un an, en 2010.
Étape 2 : L’Expérience du « JE SUIS Tout »
Il me semblait que mon expérience était corroborée par de
nombreux enseignements advaita et hindous. Mais la plus grande erreur que je
commis advint lorsque je parlai avec un ami bouddhiste. Il me parla de la
doctrine du non‑soi, de l’absence de « moi ». Je
rejetai aussitôt cette doctrine, car elle
contredisait directement ce que j’avais vécu. J’en fus profondément
troublé un certain temps et ne parvenais pas à comprendre pourquoi le Bouddha avait enseigné cela — et
pire encore, en avait fait un Sceau du Dharma. Jusqu’au jour où je ressentis la
fusion de toute chose dans « Moi » …
cependant, il n’y avait pas de « moi ». C’était comme un « Je sans je ». J’acceptai alors plus ou moins l’idée de « pas
de moi », mais j’insistai encore pour dire que le
Bouddha n’aurait pas dû l’énoncer ainsi…
L’expérience était merveilleuse : j’étais comme
totalement affranchi, libéré sans
frontière. Je me dis :
« Je
suis absolument convaincu de ne plus être confus », et j’écrivis un poème (quelque
chose comme celui‑ci) :
Je suis la pluie
Je suis le ciel
Je suis le « bleu »
La couleur du ciel
Rien n’est plus réel que le
Je
Donc, Bouddha, JE SUIS JE.
Il existe une phrase pour décrire cette expérience — Partout et chaque fois qu’IL Y A, l’IL Y A, c’est Moi.
Cette phrase était pour moi un mantra ;
je l’utilisais souvent pour me reconduire à l’expérience de
la Présence.
Le reste du chemin fut le déploiement et l’affinement de
cette expérience de Présence Totale, mais il demeurait toujours un blocage, ce
« quelque chose » qui m’empêchait de revivre pleinement l’expérience. C’était l’incapacité à « mourir »
totalement dans la Présence…
Commentaires de Soh :
L’extrait suivant devrait éclaircir cette phase :
« Il s’agit de porter ce JE SUIS
dans toute chose. JE SUIS
le Je en toi. Le Je dans le chat, le Je dans l’oiseau.
JE SUIS la première personne en chacun et en Tout. Je. Telle est ma deuxième phase :
ce Je est ultime et universel. » – John Tan, 2013
Étape 3 : Entrer dans un État de Néant
Quelque chose, d’une manière ou d’une autre, obstruait
l’écoulement naturel de mon essence la plus intime et m’empêchait de revivre
l’expérience. La Présence était toujours là, mais le sentiment de « totalité » faisait
défaut. Il était
clair, logiquement et intuitivement, que le « je » était le problème : le « je » bloquait, le « je » était la limite, le « je » était la frontière ; mais pourquoi ne pouvais‑je m’en défaire ?
À ce moment‑là, il ne
me vint pas à l’esprit de
scruter la nature même de la conscience et ce qu’est la
conscience. Au lieu de cela, j’étais trop absorbé par l’art d’entrer dans un
état d’oubli afin d’éliminer le « je »… Cela
dura plus de treize ans (entre‑temps, bien sûr, il y
eut de nombreux autres événements
mineurs, et l’expérience de
Présence Totale se produisit maintes fois,
mais avec des intervalles de quelques mois)…
Cependant, j’aboutis à une compréhension essentielle :
Le “je” est la cause racine de toutes les artificialités ; la véritable liberté réside dans la spontanéité. Se livrer au néant complet et
tout est simplement Ainsi‑Mème.
Commentaires de Soh :
Ainsi Thusness m’écrivait au sujet de l’Étape 3 alors que j’avais, en 2008,
quelques aperçus des Étapes 1 et 2 :
« Associer
la “mort du je” à la luminosité vive de ton
expérience est beaucoup trop prématuré. Cela te mènera à des vues erronées, car il
existe aussi l’expérience de
pratiquants qui passent par un abandon ou un lâcher‑prise
complet — comme
les taoïstes. Peut survenir une expérience de béatitude profonde bien au‑delà de ce que tu as ressenti. Mais l’accent n’est pas mis sur la luminosité, plutôt sur l’effortless, la naturalité et la spontanéité. Dans un abandon total, il n’y a pas
de “je” ; il n’est même pas nécessaire de connaître quoi que ce soit ; en fait, la « connaissance » est
considérée comme un
obstacle. Le pratiquant laisse tomber esprit, corps, savoir… tout. Il n’y a ni intuition ni luminosité ; il n’y a que le complet laisser‑être de ce
qui arrive, arrivant de son propre chef. Tous les sens, y compris la
conscience, sont fermés et complètement
absorbés. La prise de conscience de “quoi que ce soit” ne survient qu’après être sorti
de cet état.
Une expérience est celle de la luminosité vive, tandis que l’autre est un état d’oubli. Il n’est donc pas
approprié de relier la dissolution complète du “je” uniquement à ce que tu as
vécu. »
Voir également cet article pour des remarques sur l’Étape 3 : http://www.awakeningtoreality.com/2019/03/thusnesss-comments-on-nisargadatta.html
Cependant, ce n’est qu’aux Étapes 4 et 5
de Thusness que l’on réalise que
la voie naturelle et sans effort pour abandonner le soi/Soi passe par la réalisation et l’actualisation
de l’anattā comme intuition,
et non par l’entrée dans un état spécial ou modifié de transe, samādhi,
absorption ou oubli. Ainsi qu’écrivait Thusness :
« … On pourrait croire qu’il faut
beaucoup d’efforts — ce n’est
vraiment pas le cas. Toute la pratique s’avère être un processus de “dé‑faire”. C’est un processus de compréhension
progressive du fonctionnement de notre nature, qui est libérée depuis le commencement mais voilée par ce sentiment de “soi” toujours prêt à se préserver, à se protéger et
perpétuellement attaché. Tout le
sens du soi est un “faire”. Quoi
que nous fassions, positif ou négatif, c’est encore un faire. Ultimement, il n’y a même plus de lâcher‑prise ni de laisser‑être, car il y a déjà
dissolution et surgissement continus, et ce flux perpétuel s’avère être auto‑libérateur.
Sans ce “soi” ou “Soi”, il n’y a pas de “faire”, seulement surgissement
spontané. »
(Source :
« Non‑dual
and karmic patterns »)
« …Quand on ne voit pas la vérité de notre nature, tout lâcher‑prise n’est qu’une autre forme de saisie déguisée. Par conséquent,
sans “intuition”, il n’y a pas de libération… c’est un processus graduel de vision de
plus en plus profonde. Quand c’est vu, le lâcher‑prise est naturel. On ne peut pas se forcer à abandonner le soi… Pour moi, la
purification est toujours ces intuitions… la
nature non‑duelle et vacuité… »
Étape 4 : La Présence comme
Clarté Lumineuse de Miroir
Je découvris le bouddhisme en 1997.
Non pas pour approfondir l’expérience de
la « Présence », mais parce que l’enseignement de
l’impermanence faisait écho à ce que je vivais dans ma vie. J’étais confronté à la possibilité de perdre
toute ma richesse, et plus encore, à cause d’une crise financière. À cette époque, j’ignorais
que le bouddhisme était si prodigieusement riche
concernant la « Présence ». Le mystère de la vie demeurait insondable ; je cherchai un refuge dans le
bouddhisme pour apaiser les chagrins engendrés par la crise, mais cela se
révéla être la clé manquante vers l’expérience de la présence totale.
Je n’étais plus aussi réfractaire à la doctrine du « non‑soi », mais l’idée que toute existence phénoménale soit vide d’un « soi » ou d’un « Soi » inhérent ne me pénétrait pas
encore. Parlaient‑ils du « soi » en tant
que personnalité ou du « Soi » en tant que « Témoin éternel » ? Devions‑nous
même nous défaire du
Témoin ?
Le Témoin était‑il
une autre illusion ?
Il y a pensée, sans penseur
Il y a son, sans auditeur
La souffrance existe, sans souffrant
Il y a actes, sans auteur
Je méditais profondément sur la signification de cette
strophe jusqu’au jour où, soudainement, j’entendis « tongss… » ; c’était si
clair : il n’y avait rien d’autre, juste le
son, et rien d’autre !
Et « tongs… » résonnait… C’était tellement limpide, si vif !
Cette expérience était si familière, réelle et claire.
C’était la même expérience de « JE SUIS »… sans pensée, sans concept, sans intermédiaire,
sans personne présente, sans aucun “entre‑deux”… Qu’était‑ce ? C’était la Présence ! Mais cette fois, ce
n’était plus « JE SUIS », on ne
demandait plus « qui
suis‑je », ce n’était pas le pur sentiment de « JE SUIS », c’était « TONGSss… », le pur Son…
Puis vint le Goût, juste le Goût et rien d’autre…
Les battements du cœur…
Le Paysage…
Il n’y avait plus d’intervalle, plus de laps de quelques
mois pour que cela surgisse…
Il n’y eut jamais d’étape à franchir, pas de Je à cesser et jamais il n’avait
existé.
Il n’y a ni point d’entrée ni de sortie…
Il n’y a pas de Son là‑dehors ni ici‑dedans…
Il n’y a pas de « Je » en
dehors du surgissement et de la cessation…
La multiplicité de la Présence…
Instant après instant, la Présence se
déploie…
Commentaires :
Ceci marque le début de la vision du non‑soi. L’intuition du
non‑soi a surgi, mais l’expérience non‑duelle demeure largement « brahmanique » plutôt que « śūnyatā » ; en réalité elle est plus brahmanique que
jamais. Désormais, la « JE SUISté » se vit en Tout.
Pourtant, c’est une phase charnière : le pratiquant éprouve un
bond quantique dans la perception, dénouant le nœud duel. C’est aussi l’intuition
clé menant à la réalisation que « Tout est Esprit », tout n’est que cette Unique Réalité.
La tendance à extrapoler une Réalité Ultime ou une
Conscience Universelle dont nous ferions partie reste étonnamment forte. Le
nœud duel est effectivement défait, mais la propension à voir les choses comme
ayant une existence propre subsiste. Les « nœuds duel » et « inhérent » qui empêchent la pleine expérience de notre nature Maha, vide et non‑duelle de la conscience
immaculée, sont deux « sortilèges
perceptuels » distincts.
La sous‑section « Sur
la Seconde Strophe » de l’article Sur l’Anattā (Non‑Soi), la
Vacuité, le Maha et l’Ordinaire, et la Perfection Spontanée approfondit
cette intuition.
Commentaires de Soh :
C’est le début de la réalisation non‑duelle et de la « porte sans porte » sans
entrée ni sortie. On ne recherche plus un état d’oubli pour éliminer
le soi comme en Étape 3 ; on commence à réaliser et actualiser le toujours‑déjà‑ainsi du non‑soi et de la nature non‑duelle
de la Conscience. Pourtant, l’Étape 4 tend à
dissoudre la séparation dans le pôle d’une pure subjectivité ultime plutôt qu’à voir la
conscience comme le simple flux phénoménal (comme en Étape 5), laissant ainsi des traces d’Absolu.
Thusness écrivait en 2005 :
« Sans “soi”, l’unité est instantanément atteinte.
Il n’y a que, et toujours, cet Être‑ainsi. Le Sujet a toujours été l’Objet d’observation.
Voilà le véritable
samādhi sans entrer en transe. Comprendre complètement cette vérité : c’est la voie authentique vers la libération.
Chaque son, chaque sensation, chaque surgissement de conscience est si clair, réel et vif. Chaque instant est samādhi. La
pulpe des doigts en contact avec le clavier crée mystérieusement la conscience de contact : qu’est‑ce ? Ressens toute l’entièreté de
l’être et de la réalité. Il n’y a pas de sujet… seulement l’Être‑ainsi. Pas de
pensée : il n’y a vraiment ni pensée, ni “soi”. Rien que Pure Conscience. »
Étape 5 : Aucun Miroir ne Reflète
Il n’y a pas de miroir reflétant
De tout temps seule la manifestation est.
La main unique applaudit,
Tout EST !
En vérité, la Phase 4
n’est que l’expérience de la non‑division sujet/objet. L’intuition
initiale, entrevue grâce à la
strophe de l’anattā, était « sans
soi » ;
mais, dans la suite de mon parcours, elle apparaissait davantage comme une
union inséparable sujet/objet que comme une absence
absolue de sujet. C’est précisément le deuxième cas des Trois niveaux de
compréhension du Non‑Dualisme. J’étais encore ébloui par la limpidité et la
vivacité du phénomène en phase 4.
La Phase 5
est extrêmement complète dans l’absence de quelqu’un ; je l’appellerais
anattā sous ses trois aspects : aucune division sujet/objet,
aucune agentivité, absence totale d’auteur‑d’action.
Le point décisif ici est la vision directe et radicale que « le miroir n’est rien d’autre qu’une pensée surgissante ». Avec cela, la solidité et toute la
grandeur du « Brahman » s’effondrent. Pourtant, tout paraît
parfaitement juste et libérateur sans agent, en étant simplement une pensée surgissante
ou l’instant vif d’une
cloche résonnant. Toute la vivacité et la présence demeurent, avec en sus un
sentiment de liberté. Ici, on comprend clairement qu’une « union
miroir/réflexion » est bancale :
il ne peut y avoir « union » s’il n’y a jamais eu de sujet pour
commencer. C’est seulement dans le rappel subtil — c’est‑à‑dire dans une pensée se remémorant un moment précédent — que l’observateur semble exister. Dès lors, je passai au troisième degré de la non‑dualité.
La Première Strophe complète et affine la Seconde pour
rendre le non‑soi total et sans effort :
il ne reste que les oiseaux pépiant, le
tambour résonnant, les pas, le ciel, la montagne, la
marche, la mastication et la saveur ;
aucun témoin caché nulle
part ! « Tout » est un
processus, un événement,
une manifestation, un phénomène ; rien d’ontologique
ni doté d’une essence.
Cette phase est une expérience non‑duelle très aboutie ; il y a effortlessness dans le
non‑duel, et l’on réalise
que, dans la vision, il n’y a toujours que le paysage, et dans
l’ouïe, toujours
seulement des sons. On trouve un vrai délice dans la
naturalité et l’ordinaire,
comme on l’exprime souvent dans le zen : « Fendre du bois, porter l’eau ; le
printemps vient, l’herbe pousse. » Quant à l’ordinaire (voir « Sur le Maha
dans l’Ordinaire »), cela doit aussi être bien
compris. Une récente conversation avec Simpo résume
ce que j’essaie de transmettre concernant l’ordinaire. Simpo (Longchen) est un
pratiquant très perspicace et sincère ;
son site Dreamdatum contient d’excellents
articles sur la non‑dualité.
Oui, Simpo,
Le non‑duel est ordinaire, puisqu’il n’existe pas d’étape « au‑delà » à atteindre. Il ne paraît extraordinaire et grandiose qu’après coup, par effet de comparaison.
Cela dit, l’expérience maha qui se manifeste comme « l’univers en train de mâcher » et la spontanéité du surgissement immaculé doivent malgré tout demeurer maha : libres, sans bornes et claires. Car telle est leur nature et elle ne peut être autrement. L’« extra‑ordinaire » et la « grandeur » issues de la comparaison doivent également être correctement distinguées du simple « ce qui est » du non‑duel.
Chaque fois qu’une contraction se produit, il s’agit déjà de la manifestation de la scission « expérimentateur/expérience ». D’un point de vue conventionnel, telle cause, tel effet. Quelles que soient les conditions — qu’il s’agisse de situations défavorables, d’un rappel subtil visant une sensation agréable ou d’une tentative de réparer une scission imaginaire — nous devons considérer que l’intuition non‑duelle n’a pas encore imprégné tout notre être comme le fait cette « tendance karmique à diviser ». Nous n’avons pas encore accueilli, sans peur, ouvertement et sans réserve, tout ce qui est. :-)
Juste mon avis, un partage informel.
Les pratiquants à ce niveau s’enthousiasment souvent,
croyant que cette phase est finale ;
en fait, elle semble être une sorte de pseudo‑finalité. Mais c’est une incompréhension. Rien de plus ne peut être dit ; le pratiquant sera
naturellement conduit à la perfection spontanée, sans continuer à vider les agrégats. :-)
Pour d’autres commentaires :
http://buddhism.sgforums.com/forums/1728/topics/210722?page=6
Commentaires :
La goutte est complète, le centre a disparu. Le centre n’est
rien d’autre qu’une subtile tendance karmique à diviser. Pour reprendre une
expression poétique : « le son
entend, le paysage voit, la poussière est le
miroir. » Les phénomènes
transitoires ont toujours été le
miroir ; seule une forte
vision dualiste empêchait de le voir.
Bien souvent, il faut d’innombrables cycles de raffinement
pour que le non‑duel devienne moins « concentratif » et plus sans
effort. Cela concerne l’expérience de la non‑solidité et de la spontanéité.
La sous‑section « Sur la
Première Strophe » de Sur l’Anattā (Non‑Soi)… développe davantage cette
phase d’intuition.
À cette phase, il faut être clair : vider le sujet ne conduit qu’à la non‑dualité, et il est nécessaire de vider encore les agrégats, les
18 dhātus. Cela signifie qu’il faut pénétrer plus avant la nature vide des
cinq agrégats, des 18 éléments via origine dépendante et vacuité. Le besoin de
réifier un Brahman universel est compris
comme la tendance karmique à « solidifier » les expériences. Cela mène à la compréhension de la nature vide de la présence non‑duelle.
Étape 6 : La Nature de la Présence est
Vide
Les Phases 4
et 5 sont des nuances de
gris révélant que le
sujet n’existe pas réellement
(anattā) :
il n’y a que les agrégats. Cependant,
même les agrégats sont vides (Soutra du Cœur). Cela peut sembler
évident ; pourtant, bien
souvent, même un pratiquant qui a mûri l’expérience d’anattā (comme en Phase 5) passe à côté de l’essentiel.
Je l’ai déjà dit :
la Phase 5 paraît finale, et il semble futile d’insister.
Poursuivre ou non l’exploration de cette nature vide de
la Présence — et entrer dans l’univers Maha de la telleité — dépend de nos
conditions.
À ce stade, il est nécessaire d’être clair sur ce que la
Vacuité n’est pas, afin d’éviter les malentendus :
- La
vacuité n’est pas une substance.
- La
vacuité n’est pas un substrat ni un arrière‑plan.
- La
vacuité n’est pas la lumière.
- La
vacuité n’est pas conscience ni vigilance.
- La
vacuité n’est pas l’Absolu.
- La
vacuité n’existe pas par elle‑même.
- Les
objets ne « contiennent » pas
la vacuité.
- Les
objets ne surgissent pas de la vacuité.
- La
vacuité du « Je » n’annule pas le « Je ».
- La
vacuité n’est pas cette sensation quand aucun objet n’apparaît à l’esprit.
- Méditer
sur la vacuité ne consiste pas à calmer l’esprit.
Source :
Non‑Dual Emptiness Teaching
J’aimerais ajouter :
- La
vacuité n’est pas un chemin de pratique.
- La
vacuité n’est pas une forme de fruition.
La vacuité est la “nature” de toutes les expériences.
Il n’y a rien à atteindre ni à pratiquer. Ce que nous devons réaliser, c’est
cette nature vide : cette in‑saisissabilité,
cette in‑localisabilité et cette inter‑connexion de tout
surgissement vif. La vacuité révèle que non seulement il n’y a pas de « qui » dans la
conscience immaculée, mais qu’il n’y a ni « où » ni « quand ». Qu’il s’agisse de « Moi », d’« Ici » ou de « Maintenant », tout n’est que traces dépendamment co‑origées selon le principe de la conditionnalité.
Quand ceci est, cela est.
Avec l’apparition de ceci, cela apparaît.
Quand ceci n’est pas, cela n’est pas.
Avec la cessation de ceci, cela cesse.
La profondeur de ce tétralemme de la conditionnalité ne se
révèle pas dans les mots. Pour une exposition plus théorique, voir Non‑Dual
Emptiness Teachings du Dr Greg Goode ; pour un exposé plus vécu, voir les sous‑sections « Sur la Vacuité » et « Sur
le Maha » de Sur l’Anattā (Non‑Soi)….
Commentaires :
Ici, la pratique est clairement comprise comme ne
poursuivant ni le miroir ni la fugace maya ;
il s’agit de voir à fond la “nature” du
reflet. Voir qu’il n’y a vraiment pas de miroir autre que ce reflet continu
— et cela en raison de notre nature vide. Il n’y a ni miroir auquel
s’accrocher comme réalité de fond, ni maya dont s’évader. Au‑delà de ces deux
extrêmes se trouve la voie médiane :
la sagesse prajñā voyant que la maya est notre nature de Bouddha.
Récemment, An Eternal Now a publié des articles de
haute qualité décrivant plus finement l’expérience maha de la telleité. À lire :
- Émancipation
de la tellesité
- Bouddha‑Dharma : Un rêve dans un rêve
Les trois dernières sous‑sections (« Sur la Vacuité », « Sur le Maha
dans l’Ordinaire », « Perfection
Spontanée ») de Sur l’Anattā (Non‑Soi)… détaillent cette intuition
de vacuité et la maturation progressive jusqu’au mode de pratique sans effort.
Il est important de savoir que, outre l’impression d’in‑saisissabilité et de
non‑surgissement de la vacuité, l’interconnexion de tout — créant
l’expérience Maha — est tout aussi précieuse.
Étape 7 : La Présence se Perfectionne Spontanément
Après des cycles et des cycles de raffinement de nos
pratiques et intuitions, nous parvenons à cette réalisation :
- Anattā
est un sceau, non une étape.
- La
Conscience a toujours été non‑duelle.
- Les
phénomènes ont toujours été non‑surgis.
- Tous
les phénomènes sont, de par leur nature, Maha et inter‑connectés.
- Tout
est toujours et déjà ainsi.
Seules les vues dualistes et inhérentes obscurcissent ces
faits expérientiels ; dès lors, ce qui est vraiment requis est simplement d’expérimenter tout ce qui surgit de manière ouverte et sans réserve (voir la
section « Sur
la Perfection Spontanée »). Cela ne marque toutefois pas la fin de la pratique ; la pratique devient simplement
dynamique et condition‑manifestationnelle. Le fondement et la voie de la
pratique deviennent indiscernables.
Commentaires :
L’article entier Sur l’Anattā (Non‑Soi), la Vacuité, le
Maha et l’Ordinaire, et la Perfection Spontanée peut être considéré comme
les différentes approches menant à la réalisation finale de cette nature déjà
parfaite et non‑contrivée de la vigilance.
Commentaires de Soh :
Vous êtes invité à rejoindre notre groupe de discussion sur
Facebook – https://www.facebook.com/groups/AwakeningToReality/
(Mise à jour : le
groupe Facebook est désormais fermé, toutefois vous pouvez le rejoindre pour consulter les
anciennes discussions. C’est un véritable trésor d’informations.)
À ce jour – année 2019, soit
environ douze ans après la rédaction initiale de cet article par
Thusness – plus de trente personnes ont réalisé l’anattā (mise à jour 2022 : désormais plus de soixante, d’après mon propre décompte !), après avoir découvert ce
blog, Thusness ou moi‑même. Je me réjouis que ces articles et ce blog aient eu
un impact positif sur la communauté spirituelle et je suis convaincu qu’ils
continueront d’aider de nombreux autres chercheurs dans les années à venir.
Il m’est apparu, après toutes ces années, que, malgré les
descriptions claires de Thusness ci‑dessus, les Sept Étapes d’intuitions de Thusness sont très souvent mal comprises.
C’est pourquoi des clarifications et des développements supplémentaires sont
nécessaires.
Veuillez consulter les articles suivants pour davantage de
commentaires de Thusness sur les sept étapes :
- Différence
entre les Étapes 1
et 2 de
Thusness et les autres étapes
- La
nature de Bouddha n’est PAS « Je Suis »
- Quelques
conversations de 2008
sur les Étapes 1 et 2 de Thusness
- Mauvaise
interprétation du JE SUIS
comme arrière‑plan
- Différence
entre l’Étape 4
et 5 de
Thusness (non‑dualité
substantielle vs anattā)
- Différence
entre l’Étape 4
et 5 de
Thusness (2ᵉ
article, plus court, commenté par Soh)
- Deux
types de contemplation non‑duelle après JE SUIS (Comment réaliser
anattā)
- Conseils
pour Taiyaki
(pistes de contemplation post‑anattā)
- Vacuité
+A et –A (sur les deux intuitions expérientielles impliquées dans l’Étape 6 de Thusness)
- Mon
soutra préféré :
non‑surgissement et origine dépendante
du son
- Non‑surgissement
dû à l’origine dépendante
- Exertion
totale et pratiques
Pour davantage d’orientations quant à la manière
d’investiguer et de contempler afin d’atteindre chacune de ces réalisations,
voir Recommandations de livres 2019
et Conseils de pratique.
Il est important de noter qu’il est fréquent d’avoir
certains aperçus du non‑soi, de l’impersonnalité ou de la non‑agentivité ; pourtant ceux‑ci ne sont pas
identiques à l’intuition de l’Étape 5 de
Thusness (ni même à celle de
l’Étape 4).
Voir La non‑agentivité n’est pas encore la réalisation d’anattā. Si vous
pensez avoir réalisé anattā ou l’Étape 5,
assurez‑vous de lire cet article, car il est très courant
de confondre non‑agentivité, non‑dualité
substantialiste ou même un état de
non‑esprit avec l’intuition d’anattā : Différents
degrés de non‑soi :
non‑agentivité, non‑dualité, anattā, exertion
totale et gestion des écueils.
J’estime que lorsque quelqu’un affirme avoir percé jusqu’au non‑soi, 95 % à 99 % du temps, il s’agit en réalité d’impersonnalité ou de non‑agentivité – pas même de non‑dualité, encore moins
de la véritable réalisation
de l’anatman (le sceau du non‑soi dans le
bouddhisme).
Une autre erreur fréquente consiste à croire que
l’expérience‑sommet du non‑esprit – où toute trace de sujet/observateur/soi/Soi se dissout
temporairement et où il ne reste que « l’expérience pure » (les
couleurs/sons/odeurs/saveurs/touches/pensées vives) – serait
semblable à l’intuition‑sceau
de l’anattā (Étape 5). Ce
n’est pas le cas. L’expérience est courante, la réalisation
est rare. Or, c’est la réalisation
d’anattā qui
stabilise l’expérience et la
rend sans effort. Par exemple, dans mon cas, depuis que l’intuition d’anattā
s’est levée et stabilisée, je ne ressens plus la moindre trace de division
sujet/objet ni d’agentivité depuis environ huit ans,
et John Tan rapporte la même chose depuis plus de vingt ans
(il réalisa anattā en 1997 et surmonta la trace d’arrière‑plan en un an environ). Soulignons
toutefois qu’éliminer la division sujet/objet et l’agentivité (ce qui se produit dès l’Étape 5)
ne signifie pas que les obscurcissements plus subtils soient effacés – leur éradication complète correspond à la pleine bouddhéité (voir Buddhahood : la fin de toutes les
afflictions mentales/émotionnelles et
des obscurcissements de la connaissance, ainsi que le chapitre sur les accomplissements
bouddhistes traditionnels :
arahant et bouddha dans Awakening to Reality : A Guide to the Nature of Mind).
La pratique continue donc, devenant simplement dynamique et conditionnelle,
comme précisé en Étape 7 ; même l’Étape 7 n’est pas une finalité. Voir
davantage dans Non‑Esprit et Anattā, se focaliser sur l’intuition.
Il est également fréquent de tomber dans la maladie de la
non‑conceptualité, prenant celle‑ci pour la source de la libération et
s’attachant ou recherchant un état non conceptuel comme but principal. La
libération vient cependant de la dissolution, par l’intuition et la
réalisation, de l’ignorance et des vues (dualisme sujet/objet, existence inhérente)
qui provoquent la réification (voir La maladie de la non‑conceptualité).
Certes, la réification est conceptuelle ; mais s’entraîner uniquement à être
non‑conceptuel ne fait que supprimer les symptômes sans traiter la cause –
l’ignorance.
Lorsque les intuitions d’anattā, d’Origine Dépendante et de
vacuité sont réalisées puis actualisées, la perception devient naturellement
non réifiée et non conceptuelle. Il faut aussi voir la nature vide et non
surgie de tous les phénomènes du point de vue de l’Origine Dépendante. Thusness
écrivait en 2014 : « Que ce soit le Bouddha lui‑même, Nāgārjuna ou
Tsongkhapa, aucun n’a cessé d’être émerveillé par la
profondeur de l’Origine Dépendante ; c’est
simplement que nous manquons de la sagesse nécessaire
pour en pénétrer toute la profondeur. » Et encore :
« Si
vous ne voyez pas l’Origine Dépendante,
vous ne voyez pas le bouddhisme ;
anattā n’est qu’un début. »
Les sept étapes ne sont pas un classement d’“importance” : elles ne
font que retracer l’ordre dans lequel certaines
intuitions se sont dévoilées pour
Thusness (et, à peu près, pour
moi). Chaque réalisation est précieuse. L’intuition de « JE SUISness » ne doit
pas être vue comme “moins
importante” que celle de la vacuité ; je
conseille souvent de commencer (ou de passer) par la réalisation
JE SUIS pour faire surgir l’aspect lumineux (chez certains, cet aspect ne devient évident qu’ultérieurement).
Comme le disait Thusness : « Voyez
toutes ces intuitions comme importantes afin de libérer le
conditionnement karmique profond, de sorte que la clarté devienne
sans effort, non contrivée, libre et libératrice. » Les
phases ne surgissent pas toujours de manière linéaire ; il
peut être nécessaire
de les revisiter pour approfondir (voir Les étapes sont‑elles strictement
linéaires ?).
Thusness ajoutait : « L’anattā que j’ai réalisé est assez unique ; ce n’est pas
seulement la réalisation du non‑soi. Il faut d’abord une intuition de la Présence ; sinon il faudra inverser les
phases d’intuition. »
Nouvelle traduction
(suite)
Thusness a aussi écrit, il y a de nombreuses années, en
commentant quelqu’un qui présentait la pratique du Dzogchen comme la
réalisation de l’essence lumineuse et son intégration à toute expérience et
activité :
« Je
comprends ce qu’il veut dire, mais la manière dont c’est enseigné (Soh : c.-à-d. présenté par cette personne) est trompeuse.
Il ne s’agit que d’une expérience non‑duelle, d’une présence ressentie à la fois à l’avant‑plan et à l’arrière‑plan, dans les trois états (Soh :
veille, rêve, sommeil profond sans rêve). Cela ne réalise pas notre
véritable nature vide, mais notre essence
lumineuse… …Comprenez la
différence entre luminosité et nature vide (Soh :
la luminosité désigne ici
l’aspect Présence‑Conscience,
et la vacuité l’absence d’existence intrinsèque ou d’essence de la Présence/du
Soi/des phénomènes)… …Très souvent, les gens se fient à l’expérience et non à
la réalisation véritable de la vue. La vue correcte (Soh : anattā, origine dépendante et vacuité) agit comme un
neutralisant des vues dualistes et inhérentes ; en elle‑même, il n’y a rien à saisir.
Réalisez donc ce qu’indique
la vue correcte et toutes les expériences
viendront naturellement. L’expérience d’éveil authentique est comme celle que décrivait
(le maître zen) Dōgen : pas
simplement un état non‑duel où l’expérimentateur et l’expérimenté s’effondrent dans un flux non‑duel d’expérience. Ceci, je te l’ai clairement
dit. »
(Commentaires mis à jour : Les enseignements dzogchens authentiques, en
revanche, s’alignent entièrement sur la réalisation de l’anatman et de la śūnyatā ;
voir, pour commencer, les écrits de l’enseignant dzogchen Acarya Malcolm Smith :
https://www.awakeningtoreality.com/2014/02/clarifications-on-dharmakaya-and-basis_16.html)
Enfin, je conclurai par un texte de Thusness, rédigé en 2012 :
« On ne
peut parler de vacuité et de libération
sans parler de conscience. Comprenez plutôt la
nature vide de la conscience et voyez la conscience comme cette unique activité de manifestation. Je ne vois pas de pratique séparée de la réalisation
de l’essence et de la nature de la conscience.
La seule différence est de considérer la Conscience comme une essence ultime ou de réaliser la conscience comme cette activité sans
couture qui imprègne l’Univers
entier. Quand nous disons qu’il n’y a pas de parfum d’une fleur, le
parfum est la fleur… car l’esprit, le corps et l’univers sont tous déconstruits
ensemble en ce flux unique, ce parfum et seulement cela… Rien d’autre. Voilà
l’Esprit qui est non‑esprit. Il n’existe pas d’Esprit Ultime transcendant quoi
que ce soit dans l’éveil bouddhique. L’esprit est cette très manifestation
d’exertion totale… entièrement ainsi. Il n’y a donc toujours pas d’esprit,
seulement la vibration du train en marche, la fraîcheur de l’air conditionné,
ce souffle… La question est :
après les 7 phases
d’intuitions, cela peut‑il être réalisé et vécu, devenant l’activité continue de la pratique dans l’éveil et de l’éveil dans la
pratique — la pratique‑éveil. »
Il ajoutait encore en 2012 :
« La
conscience s’est‑elle détachée ? Aucune
concentration n’est nécessaire.
Quand les six portes d’entrée et de
sortie sont pures et primordiales, l’inconditionné se tient rayonnant, détendu, non
contrivé, lumineux et pourtant vide. Le but de
traverser les 7 phases de
changement de perception est cela… Quoi qu’il surgisse est libre et non contrivé, voilà la voie suprême. Quoi qu’il surgisse n’a jamais quitté son état nirvanique… …Ton mode de pratique actuel [après ces
intuitions expérientielles] devrait être aussi direct et non contrivé que possible. Lorsque tu ne
vois rien derrière et que les apparences magiques sont trop vides, la
conscience est naturellement lucide et libre. Les vues et toutes les
élaborations se dissolvent, esprit et corps sont oubliés… juste la conscience
sans obstruction. Conscience naturelle et non contrivée : voilà l’objectif suprême. Détends‑toi et ne fais rien, ouvre‑toi et sois sans limites,
spontané et libre, tout ce qui surgit est bien et
libéré, c’est la voie suprême. Haut/bas,
dedans/dehors, toujours sans centre et vide (vacuité à double volet), alors la
vue est pleinement actualisée et toutes les expériences sont grande libération. »
En 2014,
il déclara :
« Les 7 phases d’intuition
peuvent toutes être réalisées et vécues, elles ne sont pas des mots en l’air. Mais la perfection, en termes d’actualisation
dans la vie quotidienne, exige d’affiner notre
vue, de rencontrer les situations et de consacrer du temps de qualité à l’anattā et à l’exertion
totale. Le problème est que beaucoup manquent de
discipline et de persévérance. »
Vous êtes à nouveau invité à rejoindre notre groupe de
discussion Facebook – https://www.facebook.com/groups/AwakeningToReality/
(groupe fermé ;
accès aux archives possible).
P.S. Si vous souhaitez lire d’autres écrits de
Thusness/PasserBy, consultez :
- Sur
l’Anattā (Non‑Soi), la Vacuité, le Maha et l’Ordinaire, et la Perfection
Spontanée
- Réalisation
et Expérience et Expérience Non‑Duelle sous Différentes Perspectives
- Anciens
messages de forum de Thusness
- Partie 2 des anciens messages de
forum de Thusness
- Partie 3 des anciens messages de
forum de Thusness
- Conversations
anciennes Partie 4
- Conversations
anciennes Partie 5
- Conversations
anciennes Partie 6
- Conversations
précoces de Thusness (2004‑2007) Parties 1 à 6 en un seul PDF
- Conversations
de Thusness de 2004 à 2012
- Transcription
du Soutra de la Lanka avec Thusness 2007
- Transcription
avec Thusness – Cœur de Mahākāśyapa, Vacuité +A et –A
- Transcription
avec Thusness 2012
– Réunion
de groupe
- Transcription
avec Thusness – Libération spontanée 2012
- Transcription
avec Thusness 2013
– Dharmakāya
- Transcription
de la rencontre AtR du 28 octobre 2020
- Transcription
de la rencontre AtR, mars 2021
- Commentaire
informel sur l’Origine Dépendante
- Laisser
des traces ou réaliser ?
- Vacuité
comme Vue sans vue et embrasser l’éphémère
- Faire
émerger la Non‑Dualité au premier plan (Thusness m’a écrit ceci alors
que j’expérimentais la non‑dualité après JE SUIS
mais avant l’anattā)
- Mettre
de côté la Présence, pénétrer profondément la Vacuité à double volet
(écrit après une intuition plus profonde de l’anattā)
- Réalisation,
Expérience et Vue correcte et mes commentaires sur « A » est « non‑A », « non A » est « A »
- Réponse
à Yacine
- Sceau
direct de la Grande Béatitude
- Le
Champ sans bornes de la Conscience
- Section
de commentaires de “Le Bouddha sur la Non‑Dualité”
- Pourquoi
cet intérêt spécial pour le miroir ?
- Qu’est‑ce
qu’un enseignement bouddhiste authentique ?
- La
Voie de l’Anattā
- La
Clé d’une Pure Connaissance
- Le
lieu où il n’y a ni terre, feu, vent, espace, eau
- Articles
du blog AtR étiquetés “John Tan”
Mises à jour :
- Un
guide pratique est désormais disponible pour aider à réaliser et
actualiser les intuitions présentées sur ce blog. Voir : https://app.box.com/s/157eqgiosuw6xqvs00ibdkmc0r3mu8jg
- Mise
à jour 2 : une nouvelle version
abrégée (beaucoup plus courte et concise) du guide AtR est disponible ici : http://www.awakeningtoreality.com/2022/06/the-awakening-to-reality-practice-guide.html
(environ 130 pages ; plus accessible que la
version originale de plus de 1000 pages).
Yin Ling : « Je trouve que le guide abrégé est très
bon. Il devrait mener à l’anattā si l’on lit vraiment. Concis et
direct. »
- Mise
à jour du 9 septembre 2023 : livre audio (gratuit) du Guide
de pratique Awakening to Reality disponible sur SoundCloud : https://soundcloud.com/soh-wei-yu/sets/the-awakening-to-reality
Je souhaite enfin préciser que cet article — les 7 Phases d’Intuitions — porte sur la sagesse (prajñā) parmi les trois
entraînements. Pour qu’une pratique intégrale conduise à la libération, deux
autres composantes sont nécessaires :
l’éthique et la composante méditative (voir :
Measureless Mind (PDF)). Il est important d’avoir une pratique
quotidienne de méditation assise dans le cadre d’un chemin spirituel intégral
vers la libération, bien que la méditation dépasse la simple posture assise,
surtout après l’anattā. Thusness/John Tan
médite encore deux heures ou plus par jour. Même si
vous pratiquez l’enquête, une
discipline de méditation assise est très bénéfique ; elle l’a été pour moi (voir : Comment la méditation
silencieuse m’a aidé dans l’enquête non‑duelle). Voir aussi cet
enseignement du Bouddha sur l’importance de la composante méditative conjuguée
à l’intuition pour surmonter les afflictions mentales, ainsi que ses
instructions sur l’attention au souffle (Ānāpānasati).
Étiquettes :
Tout est Esprit, Anattā, Vacuité, JE SUISness, John Tan, Non‑Dualité, Étapes
de l’Éveil |
[Fin de la nouvelle traduction]
Also See: (French) Nature de Bouddha n'est PAS "Je Suis" - Buddha Nature is NOT "I Am"